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La mélancolie douce d’Arlo Parks

La mélancolie douce d’Arlo Parks

26 January 2021 | PAR Lise Ripoche

La jeune chanteuse londonienne Arlo Parks bouleverse le paysage musical actuel avec ses textes à la poétique urbaine et sa voix douce, son ton d’enfant réfléchi qui dépeint avec acuité le monde dans lequel elle grandit encore. Après 4 ans de travail, Arlo Parks fait paraître en 2021 son premier album “Collapsed in Sunbeams”.

A tout juste 20 ans Arlo Parks est la nouvelle voix venue d’Angleterre, qui se situe quelque part entre Kate Tempest et Jorja Smith, entre la puissance d’évocation et d’analyse d’un esprit du temps, et les accents d’une vague néo-soul qui s’apprête à submerger une génération entière. Si Arlo Parks commence le piano très jeune, c’est à l’adolescence, qu’elle se met à la guitare et débute l’écriture de ses propres chansons. En 2017, elle n’avait que 16 ans lorsque son premier titre Cola, complimenté par Lily Allen, devient un véritable phénomène.

La voix d’une “Super sad generation” ?

Très vite érigée en voix de sa génération, en raison de son jeune âge et des sujets qu’elles abordent, Arlo Parks refuse pourtant cette assignation, insistant sur le fait qu’elle ne souhaite parler à la place de personne. Cette “super sad generation”, qui donne son titre à un EP sorti en 2019, elle la décrit pourtant en parvenant à faire du témoignage singulier une expérience universelle.

“Mon album est une série de vignettes et de portraits intimes, entourant mon adolescence et les gens qui la forme. Il est enraciné dans le récit et la nostalgie- je veux pouvoir paraître à la fois universelle et très spécifique.” explique-t-elle à NME.

Ses chansons, poèmes écrits dans des petits carnets, dans des bus dans la nuit, semblent autant de tableaux composites, dans lesquels la description, la manière de situer et de préciser prime sur l’analyse ou le dénouement. Elle s’adresse à des ami.e.s à des amant.e.s, à ceux qui s’aiment ou ceux qui se quittent, à ceux qui ne quittent plus leur lit, et à ceux qu’elle en sortira. Certaines paroles, d’une simplicité déconcertante, rappellent la beauté de ces écritures encore peu conventionnées, celles qui se cherchent et trouvent dans le quotidien et ses phrases usuelles leurs plus belles formules. Arlo Parks développe petit à petit, une véritable poétique de la banalité, qui épouse parfaitement ce mal-être sans états-d’âmes par lequel paraît se caractériser sa génération. Elle écrit aussi bien sur la santé mentale (Black Dog) que sur les troubles sexuels et amoureux (Eugene), vue sous le prisme de l’intime, et qui atteignent par là l’universel.

Le singulier commun

Parfois elle s’arrête simplement et observe des brèves de vie, comme dans la chanson Caroline, dont elle écrit: “c’est un exercice qui consiste à voir des situations se passer et se dérouler sans contexte. C’est une exploration de la façon dont quelque chose qui était autrefois plein de passion saine peut se dissoudre en un instant.” explique-t-elle à NME. Arlo Parks fait alors s’écrouler les frontières entre le dehors et le dedans, laisse les gens et les choses l’habiter, trouvant peut-être par là cette formule qui parvient à créer une musique à la frontière du singulier et du commun.

Son univers musical est hybride, riche des multiples influences qui la compose, du nu-jazz à la musette, de Piaf (que sa mère d’origine française chantonnait tout le temps) à Coltrane et Miles Davis en passant par Fela Kuti et Charles Mingus. Arlo Parks rend moderne cette formule nostalgique. Elle se saisit du réel et transforme le quotidien en poésie, témoignant d’une très forte empathie, dont elle avoue moins supporter le poids parfois. Une artiste qui parvient à métamorphoser certains thèmes éculés en une matière poétique composite et mouvante, et à faire de cette “vieille soul” qui l’anime le timbre d’une oeuvre radicalement contemporaine.

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Lise Ripoche

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