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La Fondation Carmignac perd sa lauréate

La Fondation Carmignac perd sa lauréate

18 September 2014 | PAR Fanny Bernardon

La Fondation Carmignac avait tout récemment décerné son prix de photojournalisme, ainsi que l’apport de 50 000 euros qui l’accompagne, à la photographe iranienne Newsha Tavakolian. Elle le refuse néanmoins en raison des tentatives de Mr Carmignac d’accoler sa signature à cette oeuvre photographique en repensant son titre, son légendage et son intention. 

C’est en 2009 que la Fondation Carmignac crée le prix Carmignac Gestion du Photojournalisme. Celui-ci a pour objectif de promouvoir et de soutenir un travail photographique d’investigation dans des territoires qui ne sont pas sous les projecteurs et donc, méconnus du public. Des endroits où droits humains et liberté d’expression ne sont pas appliqués. Accompagné d’une somme de 50 000 euros, la Fondation Carmignac prétend récompenser ainsi une oeuvre photographique mise au service de la représentation de la “complexité” de la réalité.

Cette année, c’est l’iranienne Newsha Tavakolian qui a été choisie comme lauréate de ce prix. Photographe presse depuis l’âge de 16 ans, la jeune fille travaille ensuite pour l’agence Polaris à New-York et sera amenée à traiter la guerre en Irak pendant de long mois. Newsha Tavakolian se fait également connaître pour ses documentaires à caractère social en Syrie, au Liban, au Yémen et en Arabie Saoudite.

En 2014, c’est elle qui reçoit le généreux prix et toutes les opportunités qu’il comporte : plusieurs expositions en France, en Italie, en Allemagne et en Angleterre ainsi qu’une édition de livre. Oui mais voilà, la jeune photographe a rendu son chèque et repris son oeuvre. Elle a refusé le prix, déterminé à conserver son intégrité d’artiste. Pourquoi donc est-il question d’intégrité alors Mr Carmignac prétend être “en accord avec les valeur de courage et d’indépendance, de transparence et de partage”, lui qui “a pris le parti de défendre des regards personnels et engagés loin des archétypes actuels” ?

Newsha Tavakolian raconte que la Fondation Carmignac a voulu jouer sur les clichés, “le sang et les larmes” en exposant ses photographies prises en Iran (pays choisi par Edouard Carmignac lui-même). En effet, le généreux donateur se proposait de re-légender les instantanés, de faire le tri de celles qui ne seraient pas vues du public et pour finir de titrer l’exposition “La génération perdue”. Des mots qui attisent la curiosité et surtout, le public ! Si les propos de la jeune photographes sont vrais, l’offre de 50 000 euros faite aux lauréats ressemblerait alors plus à un caprice de riche financier qu’à une intention documentaire et artistique. C’est pourquoi, refusant de céder du terrain et de vendre son âme, Newsha Tavakolian éconduit Mr Carmignac.

La photographe iranienne n’est pas la première à se plaindre des exigences de la Fondation qui s’est défendue  en expliquant que mademoiselle Tavakolian avait reçu des pressions et des menaces de son pays natal. Justification à laquelle on pourrait croire aisément quand on sait les nombreuses interventions de censure qui ont cours en Iran, néanmoins, dans cette histoire, Newsha Tavakolian affirme qu’elle n’a reçu aucun avertissement. Si ce n’est de la Fondation Carmignac.

Visuel à la une : @Capture d’écran / Visuels : @Captures d’écran / © Newsha Tavakolian

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Fanny Bernardon

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