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La CGT Synptac nous explique en quoi consiste le régime d’intermittence

La CGT Synptac nous explique en quoi consiste le régime d’intermittence

20 June 2014 | PAR Carlos Dominguez-Lloret

Après les déclarations de Manuel Valls hier soir, les intermittents se sont rassemblés aujourd’hui dans la Grande Halle de la Villette, afin de poursuivre les manifestations qui se déroulent depuis plusieurs jours. Nous sommes allés à leur rencontre afin de clarifier certains points sur le régime des intermittents. Les gens mobilisés, organisés et très en colère ont exprimé qu’ils ne vont pas lâcher l’affaire si facilement. Les intermittents souhaitent que leurs propositions soient prises en compte par le gouvernement et ils ne céderont devant des mesurettes.

Samuel Churin et Denis Gravouil (secrétaire général de la CGT Spectacle) ont été aussi présents dans le rassemblement à la Villette. Nous avons eu l’opportunité de parler avec Yann Guillou qui est le secrétaire général adjoint de la CGT Synptac afin de faire le point sur tout ce qui concerne le régime de l’intermittence.

C’est quoi le régime d’intermittence?

Le régime d’intermittence est là pour compenser la précarité intrinsèque aux métiers du spectacle. Pour bien comprendre cela, imaginez vous que dans un lieu de spectacle vous allez avoir un jour un concert de jazz avec un pianiste, là trois techniciens suffiront pour assurer le spectacle, mais si demain vous recevez un cirque dans la même salle, vous serez obligés de démonter le théâtre afin d’installer des trapèzes, des contrepoids, etc, etc. Du coup, vous allez avoir 40 personnes qui vont travailler pendant 3 ou 4 jours pour démonter la salle et pouvoir accueillir le cirque. Ces techniciens ne peuvent trouver du travail que comme ça, et pour compenser cette précarité intrinsèque à notre métier, il y a l’intermittence comme traitement qui prend en compte la spécificité de ce que nous faisons.

Expliquez-moi l’annexe 8 et 10 de l’assurance chômage.

L’annexe 8 c’est pour les techniciens et l’annexe 10 c’est pour les artistes. Il faut cumuler un certain nombre d’heures: 507 pendant 10 mois pour l’annexe 8 et 507 pendant 10 mois et demi pour l’annexe 10. Cependant nous revendiquons une annexe unique puisque la précarité des artistes et de certains techniciens est la même et il n’y a pas aucune justification pour avoir deux annexes différents.

Qui paye les intermittents?

Leurs employeurs pour tout ce qui concerne notre salaire et puis nous percevons des indemnités à Pôle emploi, un peu plus favorables que le régime générale, car pour la grande majorité des intermittents ils ne peuvent pas avoir une permanence dans leur emploi. Les salariés et les employeurs cotisent et tout cet argent va dans une caisse commune. Puis, l’argent est redistribué entre les intermittents et les chômeurs, mais il s’agit toujours de la même caisse et c’est à pôle emploi de redistribuer l’argent des cotisations salariales et des cotisations patronales.

C’est quoi un cachet?

Un cachet c’est pour les artistes. Il s’agit d’un groupe d’heures indissociables soit pour 10 ou 12 heures. C’est le nombre d’heures par jour que doit travailler l’artiste. Il y a deux types de cachets, le cachet isolé et le cachet non isolé. Le cachet isolé concerne une journée de travail et le cachet non isolé ou regroupé, signifie que vous avez travaillé pendant plusieurs jours de suite, c’est à dire, que vous avez eu un contrat signé pour plusieurs jours. Il faut rappeler que cette notion de cachet ne concerne que les artistes, tandis que les techniciens peuvent venir pendant 3 ou 4 heures la journée pour le démontage d’une salle.

Combien d’argent rapporte un cachet?

Cela dépend, vous avez des minima de branches dans le spectacle vivant que je connais bien, vous avez des conventions collectives, vous pouvez avoir la précarité de l’emploi et des salaires très proches au SMIC. Tout cela se calcule à l’heure. Mais ça dépend des qualifications des gens.

Vous avez des intermittents qui vont être payés 9, 10 euros, d’autres 15 ou 20 euros de l’heure. Tout cela dépend des métiers et d’une hiérarchie. Nous avons une convention collective et un régisseur général n’est pas payé pareil q’un régisseur plateau ou qu’un régisseur lumière ou qu’un machiniste ou qu’un électricien. Tout cela dépend des conventions collectives qui donnent des minima, et puis après, effectivement c’est la négociation entre le salarié et l’employeur.

Pour terminer, M. Guillou a ajouté qu’ils continueront à prendre la rue indéfiniment afin de revendiquer les droits des intermittents face au gouvernement.

Visuels © Carlos Dominguez-Lloret

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