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La bande dessinée Perpendiculaire au Soleil reçoit le prix Fnac-France Inter

La bande dessinée Perpendiculaire au Soleil reçoit le prix Fnac-France Inter

08 January 2023 | PAR Gautier Higelin

Paru en septembre dernier, ce roman graphique détaille la correspondance de son autrice, Valentine Cuny-Le Callet, avec Renaldo McGirth, un condamné à mort pour meurtre. Au fil de cette relation épistolaire, ponctuée par de rares visites et d’échanges d’images, un récit riche et intense va se construire sur plus de 400 pages.

Une rencontre entre deux mondes

Valentine Cuny-Le Callet commence sa correspondance avec Renaldo McGirth en 2016. Alors âgée de 19 ans à cette époque, lui est déjà en train de purger sa peine de prison en Floride depuis 8 ans.

Ce roman graphique a pour point de départ une réaction concernant débat public, après les attentats de 2015, sur le retour de la peine à mort. De là, une volonté de s’inscrire en faux sur ce sujet aboutira à une adhésion auprès de l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) telle une première étape de son militantisme.

C’est de cette façon qu’elle établit une relation littéraire avec Renaldo après sa première visite en cellule en novembre 2017. En effet, les deux, passionnés par l’écriture et le dessin, partage l’idée de rendre compte de la vie de Renaldo sous la forme d’un roman graphique.

Son parcours ayant déjà été détaillé au cours d’un roman, le cœur du travail se retrouve dans l’image. La nécessité du récit graphique se développe tel un acte de résistance vis-à-vis de la prison qui se constitue, au-delà de l’idée du panoptique, autour du contrôle des images.  

« La prison se sent menacée par les images, je peux le dire vu le nombre de mes lettres rejetées. »

Un livre pour « digérer sa rage »

Dans ce récit à quatre mains, la finesse des dessins au crayon de Valentine Cuny-Le Callet viennent se mêlés au fur et à mesure aux illustrations en couleurs réalisées par Renaldo McGirth. Ce contraste très significatif se déploie autour d’une écriture tant explicative et historique qu’intime et interpersonnelle. Si le résultat final est fabuleux, le parcours pour arriver jusqu`à être lauréat du prix Fnac-France Inter n’a pas été une mince affaire.

« L’administration pénitentiaire nous a mis des bâtons dans les roues, en censurant les correspondances, en limitant le matériel artistique mis à disposition de Renaldo et en entravant la possibilité de nous tenir mutuellement au courant de l’avancée du travail de l’un et de l’autre ». Paru il y a maintenant 4 mois, Renaldo n’a toujours pas eu accès au livre pour des raisons sécuritaires.

S’il clame son innocence, il reste toutefois enfermé dans un espace de 5m2 sans fenêtre où l’accès à un espace vert lui est interdit. « Cette idée-là m’est assez insupportable », ce qui a poussé Valentine Cuny-Le Callet à lui transmettre des dessins de plantes pour qu’il puisse s’en inspirer et lui-même continuer cette résistance en faisant des gouaches du monde naturel.

Petit à petit le récit montre le passage d’une relation reliée au cadre associatif à une véritable amitié. Une amitié qui fait poursuivre le récit dans le domaine émotionnel mais également imaginaire. La continuité actuelle de leur relation renforce la sincérité du projet de l’autrice qui, dès lors, décida de perpétuer son engagement en écrivant une thèse sur la pratique des arts plastiques dans le couloir de la mort aux États-Unis.

 

Une œuvre qui, par son engagement total, vient nourrir le débat public et éthique sans commune mesure. Cette inspiration, elle l’a puisée en regardant l’intégralité du discours de Robert Badinter sur l’abolition de la peine de mort en 1981. L’émotion et le frisson d’une parole incarnant un changement de paradigme à venir sont venus traverser le projet de l’autrice. Son travail souhaite continuer de témoigner tant de l’absurdité historique et éthique de cette acte que de la vie de celles et ceux qui en souffrent.  

 

 

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