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Hommage à Jean-Claude Malgoire

Hommage à Jean-Claude Malgoire

16 April 2018 | PAR Gilles Charlassier

Jean-Claude Malgoire, chef d’orchestre français et fondateur de l’Atelier Lyrique à Tourcoing, vient de nous quitter samedi 14 avril.

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Il est des réveils qui assomment plus que d’autres. La lecture du communiqué de presse annonçant le décès de Jean-Claude Malgoire samedi matin est de ceux-là. Car Jean-Claude Malgoire ne fut pas seulement un des pionniers et des plus remarquables représentants de l’interprétation du répertoire, baroque mais pas que, sur instruments d’époque. Il fut aussi un musicien généreux, ouvert et engagé, tant dans la promotion de la musique que dans le soutien aux jeunes talents, donnant un coup de pouce souvent déterminant pour plus d’un chanteur. Les noms aujourd’hui reconnus qui lui doivent beaucoup sont légion et aujourd’hui orphelins de sa bienveillance, comme les mélomanes de son amour de la musique et du partage.
Né à Avignon en 1941, Jean-Claude Malgoire a commencé sa carrière avec le hautbois, jouant dans l’Orchestre de Paris pendant sept ans, sous la houlette de Charles Munch et d’autres grands chefs, mais également dans l’Ensemble 2e2m des créations contemporaines. Jean-Claude Malgoire avait une insatiable curiosité, qui l’a poussé dès 1966 à former avec des amis une des premières formations françaises sur instruments d’époque, La Grande Ecurie & la Chambre du Roy, laquelle deviendra le pilier de l’Atelier Lyrique de Tourcoing, fondé en 1981, qu’il voit comme un « opéra d’art et d’essai ». Aux marges de la métropole lilloise, il s’attache non seulement à défendre un répertoire large, bien au-delà des frontières du baroque, et à ressusciter des partitions oubliées, mais également à investir un territoire négligé par la culture, préférant conjuguer l’adjectif social avec engagement. On se souvient par exemple d’un Pelléas et Mélisande en 2015, repris le mois dernier, où ce fut sa dernière apparition à la baguette – il fut présent dans la salle lors des deux représentations de la Voix Humaine à Tourcoing la semaine dernière. Conformément à sa volonté, la prochaine saison de l’Atelier Lyrique est maintenue, et l’on n’aimerait pas voir s’éteindre cette belle aventure. Au-delà des quelque cent cinquante enregistrements qui conservent la mémoire de son immense travail musicologique, avec pour plus d’un opéra baroque, la première à l’époque moderne avec instruments anciens, il reste celle d’un authentique « passeur » de musiques et une figure tutélaire que l’on ne saurait sans quelque émotion saluer une dernière fois.

Par Gilles Charlassier

Visuel © Atelier Lyrique de Tourcoing

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Gilles Charlassier

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