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Hommage à Carlos Saura, éternel pilier du cinéma espagnol

Hommage à Carlos Saura, éternel pilier du cinéma espagnol

15 February 2023 | PAR Eleonore Carbajo

Le réalisateur et cinéaste Carlos Saura est décédé le vendredi 10 février à Madrid à l’âge de 91 ans, laissant derrière lui une filmographie des plus impressionnante.

Une enfance criblée du souvenir de la guerre civile espagnole

Né le 4 janvier 1932 en Espagne, Carlos Saura évolue depuis son plus jeune âge dans un univers artistique, sa mère étant pianiste et son frère le futur peintre reconnu Antonio Saura. C’est depuis les bastions républicains qu’il est plongé dès sa plus tendre enfance dans la guerre civile espagnole, qui oppose républicains et franquistes, entre 1936 et 1939.

Au sortir de la guerre, il reçoit une éducation qui s’oppose en tout point à celle de ses parents, contraint de se réfugier chez sa grand-mère maternelle et ses tantes à Huesca, sa ville de naissance.
Carlos Saura trouve progressivement sa place derrière la caméra, et obtient en 1957 le diplôme de réalisateur de l’Institut de recherches et d’études cinématographiques de Madrid, un an après la réalisation de son premier court-métrage El pequeño rio Manzanares.

S’opposer à la censure franquiste : le courage d’un cinéaste

Souvenir traumatisant que celui de la guerre d’Espagne, qu’il abordera à de nombreuses reprises dans son œuvre cinématographique, souvent à travers les yeux d’un enfant, comme c’est le cas dans le film La prima Angélica sorti en 1974, où il explique écrire et reconstruire des moments de son enfance sans toutefois penser comme l’enfant qu’il était : « Comme si j’étais une sorte d’intrus qui, à mon âge, participait au monde de mon enfance ». Dans les années 60 et 70, alors que le dictateur Franco ne meurt qu’en 1975 et que le pays n’entame sa Transition Démocratique qu’à la fin de la décennie, le cinéaste déjoue la censure du régime. En 1966 sort La Caza, qui met en scène trois combattants nationalistes durant l’épisode guerrier, et en 1976, Cria cuervos, un drame aux allures autobiographiques qui connaît un succès retentissant en Espagne et sur la scène internationale.

Interrogé par L’Humanité, il évoquera pour lui le tournant de son œuvre cinématographique à la mort du dictateur : « Ma mission politique s’est achevée à la mort de Franco. Moralement, à la mort de Franco, je me suis senti libéré d’une étrange façon, difficile à expliquer. Elle a coïncidé avec la sortie de Cria cuervos. En réalité, Franco était mort avant de mourir.?»

Grand nom du cinéma espagnol

Passionné de photographie, de danse et de musique, il exprime toute son admiration pour le flamenco et le tango dans des films tels que Flamenco Flamenco en 2011, ou Argentina en 2015.

Son travail de cinéaste est grandement récompensé ; Ours d’argent du Festival de Berlin pour La Caza et pour Peppermint frappé, prix spécial du jury du Festival de Cannes pour ses films La prima Angélica et Cria cuervos, Ours d’or pour Deprisa, deprisa en 1981, et nomination de trois de ses films pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Il reçoit le Goya du meilleur réalisateur pour ¡Ay, Carmela! en 1991, ainsi que l’ordre des Arts et des Lettres en 1993.

Il devait recevoir le 11 février 2023, lendemain de son décès, un Goya d’honneur pour son œuvre.

Visuel : Wikipedia Commons

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