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Disparition du journaliste et critique dramatique Philippe Tesson

Disparition du journaliste et critique dramatique Philippe Tesson

02 February 2023 | PAR Juliette Brunet

Figure incontournable des médias français, le journaliste Philippe Tesson est décédé ce mercredi 1er février à l’âge de 94 ans. Passionné de théâtre, de littérature et de politique, il avait fait ses armes à Combat avant de créer Le Quotidien de Paris en 1974.

Dans la soirée du mercredi 1er février, le journaliste Philippe Tesson est décédé chez lui « paisiblement entouré de ses enfants », a annoncé sa famille au Figaro. Journaliste, patron de presse, passionné de théâtre, chroniqueur culturel à la radio et à la télévision, Philippe Tesson était l’une des grandes figures des médias français. Fondateur du Quotidien de Paris en 1974, ce passionné de politique et de littérature a été critique dramatique au Figaro Magazine, propriétaire du théâtre Le Poche Montparnasse et directeur de la maison d’édition L’Avant-scène théâtre.

Né le 1er mars 1928, Philippe Tesson passe son enfance dans la région de la Thiérache, au sein d’une famille bourgeoise. Sa mère lui transmettra une passion pour le théâtre qui ne le quittera jamais. Durant la Collaboration, son père, Albert Tesson, notaire, est fait prisonnier de guerre tandis que des officiers allemands séjournent dans leur maison. Au collège du Cateau-Cambrésis, il rencontre Pierre Mauroy, futur premier ministre de François Mitterrand, avec lequel il restera ami durant toute sa vie. Il quitte sa terre natale pour entamer des études à Science Po, avant de rédiger une thèse sur le romantisme allemand et les sources littéraires du nazisme, témoignant de l’empreinte que la guerre a laissé sur son existence.

Après avoir été reçu au concours de secrétaire des débats parlementaires, Henri Smadja lui propose de travailler avec lui. Cet homme d’affaires franco-tunisien, qui a racheté le quotidien Combat, animé par Pascal Pia et Albert Camus, est à la recherche d’un jeune rédacteur en chef. Âgé de 32 ans, Philippe Tesson prend alors la tête du prestigieux quotidien issu de la Résistance. Au sein du journal, il côtoiera notamment les chroniqueurs Roger Stéphane, Pierre Boutang, Maurice Clavel. Tandis que la guerre d’Algérie divise l’opinion, son irrévérence et ses positions lui attirent les foudres du pouvoir gaulliste : 32 fois convoqué devant la 17e chambre correctionnelle de Paris, il fut autant de fois condamné pour offense au chef de l’État.

En 1965, Philippe Tesson publie De Gaulle Ier, aux éditions Albin Michel : Jacques Fauvet, directeur de la rédaction du Monde salura le « style » et « l’esprit déroutant de l’auteur » dans les colonnes du journal. Après les évènements de mai 68, le journaliste se présente aux élections législatives, sans étiquette, soutenus par Maurice Clavel et Jacques Isorni. La vague gaulliste fera de sa campagne un échec total. Parallèlement, il rencontre Marie-Claude Millet, médecin de formation, de quatorze ans sa cadette, avec laquelle il aura trois enfants : l’écrivain Sylvain Tesson, la dramaturge Stéphanie Tesson et la journaliste Daphné Tesson.

Tandis que Combat perd son souffle et son argent, le couple fonde Le Quotidien du médecin en 1971. Philippe Tesson propose alors à Smadja de partager le pouvoir : proposition qui se heurte à un refus catégorique. Grâce au succès financier du quotidien médical, il entreprend de fonder Le Quotidien de Paris, entraînant avec lui une grande partie de la rédaction de Combat. En 1974, il devient le directeur de publication et le propriétaire de ce journal polémique, qui se veut ouvert à toutes les opinions et tendances politiques.

En raison de problèmes financiers et éditoriaux, la publication du quotidien cesse en 1978. Si une partie de la rédaction quitte définitivement le journal, les publications reprendront l’année suivante, avec une ligne éditoriale davantage libérale et marquée à droite. S’il se sépare de son rédacteur en chef, Dominique Jamet, signataire d’un appel en faveur de la réélection de François Mitterrand, Philippe Tesson dirigera Le Quotidien de Paris jusqu’à l’arrêt définitif de sa publication en 1994. Parallèlement, il est également directeur de collection aux éditions de La Table Ronde de 1962 à 1972, et directeur de l’hebdomadaire Les Nouvelles Littéraires de 1975 à 1983.

Si le patron de presse a dû jeter l’éponge en raison de difficultés économiques croissantes, il relance sa carrière en animant le nouveau magazine littéraire « Ah ! Quels titres » avec la journaliste Patricia Martin sur France 3. Il participe à des émissions de débat telles que « Rive droite / Rive gauche » de Thierry Ardisson, multipliant les apparitions à la radio et à la télévision. Prenant l’habitude de faire le spectacle, ces interventions déborderont parfois sur le terrain politique, non sans créer quelques polémiques.

Guidé par sa passion pour les lettres et le théâtre, Philippe Tesson a été chroniqueur culturel et dramatique au Figaro, à L’Express, au Canard enchaîné, et au Point. Il avait préalablement participé à l’émission Le Masque et la Plume, sur France Inter. Son bureau de la rue des Saints-Pères abritait sa maison d’édition L’Avant-Scène théâtre et la revue éponyme. En 2011, il avait racheté le Théâtre de Poche, à Montparnasse, dont il assurait la programmation avec sa fille, Stéphanie. L’annonce de la disparition de cette figure des médias a suscité de nombreuses réactions, aussi bien de ses confrères, de la classe politique que du monde du théâtre…

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