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Décès du philosophe Bernard Stiegler

Décès du philosophe Bernard Stiegler

07 August 2020 | PAR Chloé Hubert

Le philosophe Bernard Stiegler est mort jeudi 6 août 2020 à l’âge de 68 ans, a annoncé le Collège International de philosophie. Universitaire au parcours atypique, il travaillait sur les enjeux de mutations sociales, notamment les technologies et le numérique.

Un “philosophe en acte” passé par la prison

Né dans l’Essonne d’un d’un père électronicien et d’une mère employée de banque, il grandit à Sarcelles. Il commet plusieurs braquages et est incarcéré durant 5 années. Cette expérience carcérale sera pour lui décisive. Pendant son séjour, Bernard Stiegler aide ses codétenus à passer le baccalauréat et suit par correspondance des études de philosophie. Il reçoit le soutien de Jacques Derrida sous la direction de qui il soutiendra sa thèse en 1993 à l’EHESS en philosophie.  

Il évoquera en 2003 cette expérience dans son essai intitulé Passer à l’acte, formule rappelant son passage à l’acte accidentel mais surtout l’ascèse qu’il s’est imposée pour se former ce qu’il appelle « mon devenir-philosophe en acte ».

Une implication dans les savoirs du numérique et des technologies

Il s’implique d’ailleurs à de nombreuses échelles dans la société. Il collabore avec le centre Georges-Pompidou où après y avoir conçu l’exposition « Mémoires du futur » en 1987, il prend la direction de l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) qu’il y a créé en 2006. Il est également le fondateur et le président d’un groupe de réflexion philosophique Ars industrialis, créé en 2005, et membre du Comité d’Orientation et de Prospective du Forum Vies Mobiles, le “think tank” de la SNCF. Proche du PCF, il était également amateur de jazz et de littérature. Sa fille, Barbara Stiegler s’est également tournée vers la philosophie qu’elle enseigne à l’université Bordeaux-Montaigne. 

Philosophe des technologies et du numérique, il réfléchissait ces dernières années aux enjeux démocratiques qui étaient sous-tendus. Il a repris le concept de “pharmakon” de Jacques Derrida pour décrire la place du web dans la démocratie, celui-ci pouvant jouer à la fois comme un poison et un contrepoison. Son dernier ouvrage Qu’appelle-t-on panser ? 2. La leçon de Greta Thunberg a été publié en janvier 2020. Avec ce deuxième tome, il étudiait la manière dont Greta Thunberg, telle Antigone, enseigne à des adultes devenus irresponsables à panser, dans un XIXè siècle qui l’érige en tâche par excellence. 

Sa mort brutale à l’âge de 68 ans a surprise et de nombreuses personnalités intellectuelles se sont exprimées sur les réseaux sociaux.

Pour redécouvrir le philosophe, écoutez les 5 épisodes d’à voix nue qui lui sont consacrés sur France Culture. 

Visuels: Wikipedia – Bernard Stiegler en 2014 – Lamiot ©

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