Bilan du 72e Festival d’Avignon : “Avignon est en état d’Utopie pendant 3 semaines”
Ce matin, Olivier Py a réuni la presse pour la conférence de clôture de cette belle, très belle 72e édition du Festival d’Avignon
Une édition vigilante, engageante et accueillante
“On doit tout au public”, Olivier Py rappelle les efforts faits pour accueillir le public de manière “plus confortable”. Cela se traduit par une numérotation dans toutes les salles. Il dit avec justesse que cette édition était bienveillante. De grands efforts ont été faits pour rajeunir le public, cela est lié à la présence d’artistes de moins de 30 ans. Avignon est un rendez-vous international et cela s’est vérifié cette année, en témoigne une pièce comme Summerless d’Amir Reza Koohestani où l’auteur déjoue la censure iranienne. “Le festival rend le monde dans lequel nous sommes habitable“.
Un festival est riche de son rapport au monde très particulier où l’humour a su émerger : c’est le cas dans La reprise de Milo Rau. Py “il s’agit que l’art ne devienne pas une tour d’ivoire réservée à quelques-uns. Tous les artistes veulent rencontrer le public“.
Une édition vigilante et lucide, “c’est la force du festival d’Avignon“. Pour Olivier Py, la parole de vérité n’est pas perdue, il y a un acte politique à être sur scène. En témoigne la présence des amateurs sur les plateaux comme dans Trans de Didier Ruiz. “Pour la première fois, le festival a dépassé les murs d’Avignon”. Les questions de genre ont passionné l’ensemble de la cité. Dépasser les frontières de la représentation du spectacle ne veut pas dire effacer les représentations. À ce sujet, nous rappelons à Olivier Py que Carole Thibaud a, lors d’un épisode de Mesdames Messieurs et le reste du monde, de David Bobée, dénoncé très fermement la faible représentation des femmes dans sa programmation. Le directeur du festival nous répond : “je ne suis pas pour la parité, je ne pense pas que l’humanité soit double. Nous avons eu chaque année de plus en plus de femmes dans les spectacles. Cette année 45% des projets étaient portés par des femmes.” Il souhaite que ce taux augmente .
95,5% de fréquentation, un taux exceptionnel
Au 24 juillet, le festival a comptabilisé 150 800 entrées, dont 42 800 entrées libres. 108 000 billets ont été délivrés. 47 spectacles ont été joués, ce qui correspond à 224 représentations dans 40 lieux. Traduit en art cela témoigne d’un combat pour l’égalité quelle qu’elle soit. Droits LGBT, droits des femmes, L’Europe, contre la censure, le patriarcat…. et tant d’autres luttes. Mais ce combat s’est fait “avec le sourire“.
Les moyens du festival ne nous permettent pas de nous maintenir au-delà de 19 jours
Cette année le festival, 19 jours, n’a pas atteint les trois semaines. Nous interrogeons Olivier Py sur la relation entre le coût d’une production et ses conséquences sur la durée du festival. Il nous répond que ce n’est pas avec lui qu’une édition low cost verra le jour. Il ne peut que constater que sa première édition était de 24 jours. Cette baisse est liée à la non augmentation du soutien des pouvoirs publics et il réclame un “ajustement des subventions“. Il regrette cette baisse car “un festival plus long est un apport économique considérable pour la ville“. Il rêve d’agrandir la jauge pour que les œuvres soient vues par plus de monde. La phrase tombe tel un couperet : “oui, les moyens du festival ne nous permettent pas de nous maintenir au delà de 19 jours, la mission même de la culture est écornée“. Il ajoute : “il faut espérer que les pouvoirs publics prennent conscience des moyens“.
Et l’année prochaine ?
“Il est difficile de trouver un fil rouge aussi passionnant que le genre. Nous allons suivre celui de l’Odyssée, le texte d’Homère“, mais aussi ajoute-t-il, l’idée que les questions de migrations sont au cœur de notre monde. Kirill Serebrennikov, actuellement détenu de façon très abusive dans les geôles russes sera présent au festival 2019. Comment ? Olivier Py espère qu’il sera là, physiquement là.
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Le Off lui se poursuit jusqu’au 29 juillet.
Visuel : ©Amélie Blaustein Niddam
One thought on “Bilan du 72e Festival d’Avignon : “Avignon est en état d’Utopie pendant 3 semaines””
Commentaire(s)
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didier duplenne
Donc -5 jours de Festival, avec un budget constant si on comprend bien ?…..
Sans vouloir rêver d’une cour d’honneur tapissée de pub Vuitton et Samsung, qu’en est-il des financements annexes ?