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Guerrière : Un film coup de poing sur le néo-nazisme de nos jours en Allemagne

Guerrière : Un film coup de poing sur le néo-nazisme de nos jours en Allemagne

27 March 2013 | PAR Juliette Hebbinckuys

Pour son premier long métrage, David Wnendt choisit de traiter un sujet sensible : le néo-nazisme, quotidien de certains jeunes allemands pour lutter contre la morosité de leur existence. Avec virtuosité, il nous livre une œuvre certes imparfaite, mais qui a le mérite d’exister et de témoigner…

Marisa a 20 ans. A son âge, elle devrait s’amuser avec ses copines, sortir faire la fête en pleine insouciance. Mais le sort en a décidé autrement : son quotidien, c’est la haine. Haine de l’autre, principalement étranger, mais aussi haine de soi, de son corps et de sa vie. Son ennui, elle le comble avec un groupe de néo-nazis, avec lesquels elle sort, elle boit, elle fume. Mais par-dessus tout, elle violente tous ceux qu’elle considère comme différents. Elle voue un culte à Hitler, et tatoue son corps de swastikas pour le démontrer. Pourtant, ses certitudes vont être mises à mal par l’arrivée en ville d’un jeune afghan, et l’irruption dans son gang d’une adolescente de 15 ans.

David Wnendt  nous amène donc au plus proche de la réalité de son anti héroïne, et nous montre qu’il est impossible de traiter ce sujet de façon manichéenne. Avant de montrer la déshumanisation de ce mouvement, il s’intéresse d’abord aux humains qui le composent. Le réalisateur met au cœur du film la place de la femme dans ce genre de milieu, afin de nous en montrer toutes les contradictions. Extrêmement bien documenté, il a fréquenté pendant 2 ans des gangs de crânes rasés pour essayer de comprendre son sujet.  Loin d’une simple psychologie de comptoir, sa caméra nous amène à une prise de conscience face à cette jeunesse perdue et embrigadée. La réalité n’est pas simplement montrée du doigt, elle nous est hurlée pour ne plus avoir d’autre choix que d’entendre. Par le sexe, la violence, la musique hard et les images qui saturent, David Wnendt nous plonge au cœur d’un univers inquiétant, puisque presque banalisé. Certains pourront penser que le film est caricatural, mais en même temps n’est- ce pas une caricature que ces jeunes qui se rasent la tête, se tatouent tout le corps et veulent à tout prix montrer leur appartenance à un groupe, qui plus est, est néo-nazi ? Même si l’idée d’amener Marisa à fréquenter un jeune afghan peut paraître un peu tarabiscotée, et qu’on ne comprend pas toujours son rapport à Svenja, la jeune adolescente qui intègre le groupe, le film tient la route et évite d’un cheveu un coté trop mélodramatique. L’actrice principale, Alina Levshin, est troublante de justesse et de vérité : tout son corps respire la haine et la souffrance qui l’habitent, et son regard profond nous trouble autant qu’il nous inquiète. La jeune Jella Haase, qui joue le rôle de Svenja, est aussi jolie qu’imprévisible. Le reste du casting, composé principalement de jeunes non professionnels habitant la région, est quand à lui impressionnant de réalisme.

Plus qu’une simple constatation sur la montée de l’extrême droite, « Guerrière » raconte le difficile passage de l’enfance à l’âge adulte. Le film montre une jeunesse adolescente à la recherche désespérée d’un idéal, et son embrigadement dans une idéologie dont on pensait qu’elle avait disparue. David Wnendt nous prouve que le danger est toujours bien présent, et que la souffrance et la faiblesse de l’être humain peuvent l’amener à croire que la solution se trouve dans les idées radicales. A nous d’être vigilants…

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Juliette Hebbinckuys

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