Théâtre
Whistling Psyche au TGP

Whistling Psyche au TGP

28 February 2013 | PAR Justine Braive

Dans une étrange salle d’attente, un mélange de gare et de longs couloirs d’hôpitaux où les brancards font office de divans, deux figures de l’époque victorienne se rencontrent.

Sébastien Barry a choisi de donner la parole à deux personnages illustres de la médecine. Chacun d’eux a contribué à son essor  mais seulement un s’en tirera avec les honneurs.  Le premier, James Miranda Barry,  est  un brillant chirurgien militaire, pionnier de l’accouchement par  césarienne. Son talent lui vaudra le grade d’inspecteur général des hôpitaux militaires. Mais son ascension n’ira pas plus loin. Le second, Florence Nightingale, infirmière, met en place une véritable intervention humanitaire avec  une quarantaine de ses collègues lors de la Guerre de Crimée et permit ainsi de faire progresser les soins médicaux. A son retour en Angleterre, ses exploits ne cesseront d’être loués. Elle sera décorée de la  « Royal Red Cross » et nous pouvons aujourd’hui encore visiter un musée qui porte son nom.

Comment comprendre une telle différence de traitement ? Le docteur James Miranda Barry et Florence Nightingale ont pourtant vécu à la même époque. Ce qui les différencie, ce n’est même pas leur sexe car en réalité, derrière le veston militaire du célèbre chirurgien, se cache une femme. Sa vie fut confisquée par le mensonge et le fait que l’on découvre qu’elle soit « un sexe faible » à sa mort la privera alors de toute reconnaissance.

Deux femmes n’ayant pas eu les mêmes  honneurs, l’une pour qui la féminité était un fardeau dans le monde de l’armée, l’autre qui a fait de son identité sexuelle un combat féministe pour réaliser sa vocation.

C’est donc une rencontre improbable que nous livre l’auteur irlandais. La pièce débute par de longs monologues, suggérant que leurs destins ne peuvent être mêlés…  Florence Nightingale ne masque pas son dégoût envers le chirurgien, lui-même exaspéré par le puritanisme de la première, engoncée dans sa robe noire et stricte.  Pourtant, un dialogue finira par s’instaurer…

Sur scène, les deux fabuleuses comédiennes  incarnent avec justesse leurs personnages au tempérament de feu. Catherine Hiegel  interprète avec intensité cette femme militaire blessée par la solitude, luttant contre son propre secret. Elle est particulièrement poignante lorsqu’elle nous décrit la relation clandestine qu’elle a eue avec le gouverneur dont naitra un enfant qu’elle devra abandonner. Juliette Plumecocq-Mech lui donne la réplique de manière cinglante, avec humour et force.

Cette rencontre imaginaire est saisissante mais on regrette un peu la densité du texte de Sébastien Barry qui parfois ne nous permet pas de saisir pleinement la profondeur de la pièce.

Visuel © Franck Beloncle

 

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Justine Braive

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