Pop / Rock
[Live report] Jil is Lucky à la Maroquinerie : entre pop enjouée et folk enjôleur

[Live report] Jil is Lucky à la Maroquinerie : entre pop enjouée et folk enjôleur

07 February 2013 | PAR Bastien Stisi

Après quatre ans d’absence et avant de partir pour une grande tournée hexagonale, Jil is Lucky présentait hier soir à la Maroquinerie et en exclusivité les morceaux de son second album, In the Tiger’s Bed, qui sortira dans les bacs le 18 février prochain. Un virage résolument pop parfaitement négocié par le groupe, et une prestation scénique toujours aussi vivifiante :

Tout un symbole. Il y a quatre ans, le XXe arrondissement et la Maroquinerie accueillaient la première production live de Jil is Lucky, alors convié par le déjanté groupe israélien Izabo pour assurer la première partie de leur concert. Un premier album éponyme largement salué, une grande et longue tournée hexagonale, une signature chez le prestigieux label indé Naïve, et revoilà Jil Bensénior, toujours entouré de ses fidèles et talentueux Memphis Deputies, dans cette même Maroquinerie et sur la scène bétonnée de ses premiers exploits. Cette fois, bien sûr, c’est en tête d’affiche très attendue (le concert est complet depuis de longues semaines…) que le groupe se présente, auréolé d’une fameuse réputation scénique et d’un second album sur le point de paraître. Ce deuxième opus, le public ne le connaît qu’à travers le prisme de l’unique extrait diffusé à ce jour sur la toile, « Stand All Night », élément largement plus pop et électronique que l’univers folk et post-rock de l’éponyme Jil is Lucky. In the Tiger’s Bed, en effet, se distingue par la noirceur et par la gravité de ses textes, résultantes de quelques tracasseries nocturnes troublées, et compense le tout par une musicalité considérablement plus enjouée et sautillante que par le passé.

Malgré un enthousiasme scénique considérable, les débuts du concert sont quelque peu timides et poussifs. La Maroquinerie et son public exigeant, sans doute surprise et interloquée par une métamorphose musicale dont elle n’avait pas forcément mesurée l’ampleur, peine à se mettre en marche, et ne pouvait s’attendre à une telle abondance de pop et de résonances électroniques. Quelques instants de flottement, simplement.Le temps de s’habituer à la relative nouveauté, sans doute.

S’il a réorienté ses compositions musicales, rasé ses cheveux, enfilé une veste et des chaussures pailletées, et intégré un nouveau musicien dans son équipe, Jil n’en a pas pour autant perdu la force viscérale qui a fait son succès par le passé : un charme scénique certain, décontracté et assuré, un humour léger et honnête, une joie sincère, ostentatoire et communicative…et les qualités de ses productions, qui parviennent finalement à séduire un public qui s’immerge peu à peu dans le nouvel univers de Jil et de ses acolytes. Ces derniers, qui ont troqué leur costume multicolore à la Bioman contre des chemises et des tenues symétriques et endimanchées, portent avec talent et entrain la voix mesurée et appliquée de Jil, guitare sèche à la main. Les complications nocturnes du très bon « Insomnia », les envolées joyeusement pop de « Pils » ou de « Backslider », ou les changements de rythme de « Stand All Night », répondent d’abord à quelques interprétations éparses du premier album, comme celles de « I may be late » ou comme cette version légèrement popisée du tube « The Wonderer », sans poneys ni rugueux sol enneigé, dont le public reprend largement les paroles.

Et puis, après la belle interaction Jil/Maroquinerie sur les paroles de « Without You », le groupe quitte quelques instants la scène, et revient armé de nouvelles intentions, visiblement paré à faire basculer le public dans une toute autre atmosphère : il sera dès lors moins question de l’énergie moderne de The Tiger’s Bed, et davantage des morceaux du premier album, que Jil récite avec ferveur et joie communicative. Défilent alors les percussions et les sonorités mariachi de « When I’m Alone », le folklore tzigane au violoncelle et la guitare acoustique de « Supernovas », et surtout le post-rock sublime et vertigineux de « Hoverings Machines », apothéose immense et longiligne chaleureusement ovationnée par une Maroquinerie définitivement sous le charme du bienheureux Jil et des Memphis Deputies.

Déjà, Jil is Lucky sillonne le territoire hexagonal pour répandre sa bonne humeur saisissante et son talent émergeant auprès de tous ceux qui auront la chance de le voir sur scène. Pour les Parisiens, présents ou non à la Maroquinerie hier soir, Jil et ses compères reviendront dans la capitale le 16 mai prochain, à l’occasion d’une date au Trabendo. D’ici là, le public aura eu le temps d’écouter et de digérer la tanière du tigre R&B, électro et pop qui habite le second album de l’artiste. Et en redemandera encore davantage, à n’en pas douter.

Visuels © : Louise Vendel

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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