Théâtre

Hélène Vincent émouvante en Ita L. au Théâtre du Petit Saint-Martin

21 February 2013 | PAR Yaël Hirsch

La  comédienne césarisable pour son rôle difficile dans “Quelques heures de Printemps” entre chaque soir pour une heure dans la peau d’une vieille dame juive ashkénaze attendant d’être arrêtée par la police en 1942. Un moment émouvant sur un beau texte de Eric Zanettacci.

Vous pouvez gagner vos places pour  la pièce en jouant à notre jeu-concours.

En 1942, alors qu’elle approche de la soixantaine, Ita L. née Goldfeld vit seule dans son petit appartement du Marais de Paris. Veuve depuis longtemps (son mari Solomon gazé à la Première Guerre est mort des séquelles de cet engagement pour la défense de la France), elle est venue en France pour fuir les pogroms d’Odessa, et a élevé trois enfants aux noms très français, l’aîné, Jacques ayant très vite adopté maints systèmes D pour nourrir la famille. Mais ce dernier a été arrêté et les deux cadets se sont enfuis vers le Sud. Quant aux voisins, après des décennies de bons rapports, ils ont demandé à Ita de ne plus les aborder… Quand la pièce commence, la valise est prête, le manteau d’astrakan avec l’étoile jaune également. La police est déjà passée une fois et lui a donné une heure pour se préparer. La vieille dame n’a pas le courage de s’enfuir et a juste le temps de se remémorer tout le fil de sa modeste vie avant de partir pour le deuxième et dernier voyage en train qu’elle ait jamais fait…

Commençant la pièce comme une lecture sur un cahier, Hélène Vincent semble s’émanciper petit à petit du texte pour habiter son personnage. L’émotion affleure à chaque modulation de sa voix grave, souvent plaintive. On peut dire qu’elle es habitée par Ita. Une immersion d’autant plus touchante que cette vieille juive ukrainienne, et tout son univers culturel, culinaire, linguistique, ainsi que les fêtes traditionnelles, lui paraissent très étrangers. Et c’est paradoxalement l’absence d’accent yiddish et la manière studieuse dont Hélène Vincent fait un effort pour articuler les prénoms des juifs de son enfance, qui sont la part la plus émouvante et la part la plus universelle de son jeu. Bien plus que les grands jetés de bras ou les grommellements supposés incarner la vieille dame condamnée par l’Histoire. Un beau spectacle, simple et fort.

“Ita L. née Goldfeld”, une pièce d’Eric Zanettacci, avec Hélène Vincent, mise en scène Julie Lopes Curval et Hélène Vincent, scénographie : Tim Northam, lumières : Arnaud Jung, durée du spectacle : 1h.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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