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LINCOLN : Le nouveau film de Spielberg, un biopic long et décevant sur le 16ème président des Etats-Unis

LINCOLN : Le nouveau film de Spielberg, un biopic long et décevant sur le 16ème président des Etats-Unis

25 January 2013 | PAR Juliette Hebbinckuys

Attendu en France depuis des mois, et encensé par la critique américaine, le biopic de Spielberg sur Abraham Lincoln apparaissait comme le film à voir en ce début d’année : un réalisateur qu’on ne présente plus, un sujet alléchant, une tripotée d’acteurs connus et des premières images très prometteuses, on pouvait difficilement rêver mieux. Et pourtant, loin d’être le chef d’œuvre annoncé, LINCOLN déçoit par sa longueur et son manque d’ambition.

En 1864, Abraham Lincoln est réélu pour un deuxième mandat. Nous sommes en pleine guerre de Sécession entre les Etats du Nord et les Etats du Sud, et le président met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l’esclavage. Ce film raconte l’histoire d’un homme, qui par son courage et sa détermination, bouleversa le destin des générations futures. Malheureusement, en choisissant de se concentrer sur les derniers mois de la vie de son « père spirituel », Spielberg nous livre une œuvre trop longue et trop classique, certes intéressante pour les passionnés d’Histoire, mais absolument pas à la hauteur de son talent.

Le premier problème de ce film est qu’il n’est absolument pas surprenant. Si vous connaissez l’histoire des Etats-Unis, et que vous savez (a priori) que l’esclavage a été aboli en 1865 par le 13ème amendement de la constitution, vous savez quasiment tout. Même si le film cherche à montrer les dessous de la politique, avec ses manigances et ses compromis, il a souvent tendance à se répéter : on voit Lincoln tenter de convaincre un adversaire, puis on le voit avec sa femme, puis on le revoit en train de convaincre quelqu’un d’autre, puis on le revoit avec sa femme, et ainsi de suite… Pendant 2h30 ! Et quand on a l’impression d’assister toujours aux mêmes scènes de dilemme alors qu’on connaît déjà la fin, le temps passe un peu trop lentement. Ajoutons à cela une ambiance assez austère, et une mise en scène contemplative, et le résultat deviendrait presque soporifique.

Alors certes, les acteurs sont bons et le casting irréprochable. Une fois de plus, Daniel Day-Lewis livre une performance exceptionnelle à la hauteur de son talent. Même si le personnage de Lincoln peut parfois être agaçant en monsieur-je-sais-tout, le comédien qui l’interprète est quand à lui stupéfiant de ressemblance et de vérité. L’essentiel du film repose sur ses épaules, mais il est cependant bien entouré : Sally Field, qui joue le rôle de la première dame, réussit à en faire un personnage complexe et tout en retenue ; David Stathairn, James Spader et Hal Holbrook forment le trio particulièrement réussi des hommes de main du président ; Tommy Lee Jones n’est pas en reste puisqu’il interprète à merveille le rôle de Thaddeus Stevens, républicain radical et fervent défenseur de l’abolition totale de l’esclavage. Seul bémol pour Joseph Gordon-Levitt, dont on a beaucoup entendu parler mais qu’on ne voit pas beaucoup, le rôle du fils étant assez insignifiant voir un peu ingrat dans le scénario.

Même si les personnages sont le véritable moteur de l’histoire, l’image est magnifique. Une fois de plus, Spielberg a su s’entourer de la même équipe avec laquelle il collabore depuis une dizaine d’années et le résultat est réussi : les couleurs sombres et les salles enfumées retranscrivent parfaitement l’ambiance des années 1860, entre intimité et austérité, et la lumière naturaliste transcende les expressions des comédiens.  Les décors sont eux aussi à la hauteur du propos : sobres, classiques et élégants. Mais peut être est ce là tout le problème de Spielberg ? A trop se concentrer sur ses comédiens, sa photographie, et le rendu trop parfait d’un film « oscarisable », on réalise que son scénario n’est pas à la hauteur de son travail. En voulant faire un film explicatif sur un des présidents favoris des Etats-Unis, il se perd dans des dialogues trop longs et un point de vue très manichéen. Et malheureusement, l’histoire s’avère assez patriotique et nous autres français, on ne se sent pas toujours concernés. Alors bien sur, cela reste toujours plus agréable à regarder qu’une énième comédie potiche et sans intérêt, mais connaissant la filmographie du réalisateur, on aurait pu s’attendre à mieux. Après le Golden Globe (mérité) du meilleur acteur pour Daniel Day Lewis, attendons de voir quel sera l’accueil réservé à LINCOLN aux BAFTAs britanniques le 10 février où le film est nominé 10 fois, et surtout le résultat des Oscars où il est en compétition dans 12 catégories.

 


 

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Juliette Hebbinckuys

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