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Les Survivalistes ont le vent en poupe

Les Survivalistes ont le vent en poupe

20 December 2012 | PAR Marie Pichereau

Tel un synopsis de film catastrophe, les Survalistes se préparent à différentes catastrophes mondiales, avec une règle simple : celle de survivre quoi qu’il puisse arriver. Une règle qui a conduit certains à adopter une philosophie de vie particulière, au travers de laquelle, ils doivent anticiper toutes formes d’Armagedon sociétal, nucléaire ou apocalyptique. Une sous-culture qui était jusqu’à assimiler à une névrose paranoïaque, fait de plus en plus d’adeptes et se répand comme une traînée de poudre à travers le monde. Avec en toile de fond une fin du monde prévue pour le 21 décembre 2012, l’engouement pour le Survivalisme est à son apogée.

A son origine le Survivalisme est un terme qui désigne les différentes activités ou modes de vie de certains individus qui souhaitaient se préparer à une hypothétique catastrophe ou plus simplement à anticiper les dangers de la nature. C’est via une connaissance pointue des techniques de survie et des rudiments et des notions médicales que nos survivalistes se préparent. Bien armés et éduqués, ils construisent leurs propres abris, stockent leurs nourritures et ce de manière à être indépendants et protégés du reste du monde si « catastrophe » se produisait. Sachant que les survivalistes se préparent en fonction d’une situation donnée, il y a différents niveaux de catastrophes données. La première étant celle qui les touche de manière individuelle : un accident de la route, un incendie au domicile, un accident domestique ou un décès. Par la suite viennent les évènements locaux types : coupure d’électricité, de gaz ou d’eau, ou encore les ruptures des circuits d’approvisionnement en nourriture et les ruptures des services public (plus de police, pompiers, etc.). Ajouté à cela les catastrophes naturelles : tornades, tremblements de terres, blizzards et éruptions volcaniques. Dans le niveau de catastrophe le plus élevé avec des cas extrêmes, nos aventuriers de la survie anticipent également les évènements à échelle régionale, nationale ou mondiale : catastrophe économique, conflits humains, rupture d’approvisionnement en eau potable et pandémie mondiale. Des évènements où l’individu sera livré à lui-même ce qui demande un travail de préparation drastique. C’est cet ultime niveau qui est très largement médiatisé et qui in fine ne concerne qu’une population assez neuve et restreinte.

La genèse d’un courant avant-gardiste

Cette culture particulière est apparue dans les années 1902 par le biais de Georges Hébert, qui développera l’Hébertisme (une activité physique qui permettait  “d’Être fort pour être utile” afin de survivre) après avoir coordonné le sauvetage de 700 personnes d’une éruption volcanique. Ce mode de pensée se popularise dans les années 60 aux Etats-Unis et fera mouche dans les années 70 avec le début de la crise pétrolière de 1973.  Après Famine et survie en Amérique de Howard Ruff, une multitude d’ouvrages portant sur le sujet de la « survie » voient le jour. Ils rencontrent un très grand succès outre-Atlantique et peu à peu, le terme et les premières lignes de cette philosophie de vie apparaissent, sous la forme que l’on connait aujourd’hui.

Après quelques années passées dans l’ombre, le bug supposé de l’an 2000, redonne un nouveau souffle au courant Survivaliste. Il s’enracinera définitivement dans les moeurs, avec les nombreuses catastrophes des années 2000 (Attentats du 11 septembre, la guerre contre le terrorisme, la crise financière ou encore le séisme dans l’océan Indien de 2004 et plus récemment Fukushima). Ce comportement autrefois décrié et même raillé, apparaît de plus en plus comme étant légitime. Les catastrophes de ces dix dernieres années ne font que souligner l’utilité de ce mode de vie à l’origine primitif, qui apparaît désormais comme tout à fait contemporain.

Les dérives sectaires et commerciales

Les dérives sont multiples notamment avec l’entrecroisement du Survivalisme et de certaines croyances religieuses. En tête de file, certaines églises évangéliques qui se rattachent à une interprétation de la bible connue sous le nom de la grande Tribution et qui annonce des évènements catastrophiques auxquels il faut se préparer. L’église Mormone (Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers jours) donne comme consigne à ses pratiquants de stocker de la nourriture. Enfin il y a la récente interprétation du calendrier maya, qui a largement contribué à raviver la crainte des survivalistes «religieux». Il donnera lieu à un bon nombre d’illuminés qui craignent de manière névrotique à la fin du monde et à des dérives sectaires ou des «descendants» de Jésus-Christ créent des communautés recluses dans les montagnes pour échapper à l’Armagédon…

On a pu voir il y a peu, l’oeuvre d’un fabriquant de meuble chinois, qui avait utilisé toutes ses économies pour construire un abri sphérique pour survivre à l’apocalypse. Certains s’en amusent comme le National géographic qui avait organisé début novembre, un jeu concours qui permettait aux lauréats d’empocher une nuit dans un abri anti-atomique déposé à domicile et d’y loger avec cinq de ses proches.

National Geographic

Mais pour d’autres le phénomène va encore plus loin. Les dérives sont également commerciales, certains promoteurs ont flairé la bonne affaire et se servent de cette hantise à des fins lucratives. Ainsi en se promenant sur la toile et en exécutant une recherche approfondie sur les abris post-fin du monde, les offres «immobilières» d’un genre nouveau pleuvent. Ciblés et spécialisés dans les bunkers et autres équipements de survie, c’est toute une gamme de produits qui sont proposés à des prix exorbitants. Sur le site AMESIS.net on peut lire « AMESIS France construit des ouvrages individuels ou collectifs pour la protection et la survie de la population civile, souhaite la bienvenue sur son site totalement dédié à la construction de ses abris anti-atomiques avec un équipement complet et à la protection qu’ils offrent en cas d’accident atomique, nucléaire, chimique, bio, conventionnelle ou autre. »

Avec des tarifs en bonne et due forme, rentrés dans un tableau excel, on peut choisir et commander son abri en fonction de son besoin. Pour héberger six personnes, on nous propose 8 m2 à 35 234 euros. Pour ceux qui désirent être entourés de leur famille, on se réfère à l’abri pour dix-neuf personnes soit 20 m2 tarifés à 52 985 euros. Très à l’étroit les nouveaux acquéreurs peuvent également choisir différentes options de «confort », des toilettes sèches et cabines peuvent être aménagées dans le bien pour la modique somme de 921 euros. Pour les plus craintifs, un sas de décontamination est disponible comprenant : génie civil, porte blindée, réservoir d’eau 1000 litres et soupape de décompression,avec un total affiché à 7882 euros. Autant dire que pour survivre, mieux vaut être aisé…

Le moins que l’on puisse dire c’est que, si fin du monde il y a, certains seront plus que préparés à cette éventualité, pour les autres rendez-vous “sains et saufs” le 22 décembre.

Crédits: Survivalistes.org

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Marie Pichereau

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