Cinema
Les lignes de Wellington, un hommage à Raùl Ruiz

Les lignes de Wellington, un hommage à Raùl Ruiz

19 November 2012 | PAR Edwige de Montalembert

Après Les Mystères de Lisbonne, le cinéaste franco-chilien Raùl Ruiz avait un autre film en préparation Les lignes de Wellington, avec son fidèle collaborateur, le producteur Paulo Branco. Décédé avant la fin de l’écriture du film, la réalisation est confiée à la femme avec qui il a partagé sa vie: la réalisatrice Valeria Sarmiento. Un film tourné au Portugal avec la participation d’acteurs chers au cinéaste: Piccoli, Huppert, Deneuve. Un film tourné sous le regard bienveillant de Raùl Ruiz; un hommage au cinéma en somme.

En 1810, les troupes napoléoniennes envahissent le Portugal. Malgré la défaite du Maréchal Masséna, les Britanniques aux côtés des Portugais mettent en place une statégie afin d’attirer l’ennemi aux frontières du pays, là où le Général Wellington a fait construire des remparts infranchissables. Les destins des civils et des soldats se croisent lors de cet exil sur la terre du Portugal.

Les lignes de Wellington pose la question: “comment l’Histoire s’est-elle faite?” et le film apporte plusieurs réponses. La première est que l’Histoire se fait à travers la vision du peintre Lévêque (Vincent Perez) auquel Wellington (John Malkovich) commande des tableaux retraçant la bataille. Mais cette vision là est faussée car Wellington ne veut pas “trop de cadavres”. La deuxième réponse et véritable enjeu du film est une vision de l’Histoire à travers le peuple: “l’histoire se vit avec les toutes petites gens, les petites histoires. On n’a guère de contact avec les grandes figures de l’Histoire” (V.Sarmiento). C’est dans le chemin de l’enfer vécu par le peuple portugais contre les troupes napoléoniennes que le film trouve son véritable sujet. Dans ce choix scénaristique, le film trouve un vraie originalité: la mise en scène de destinées portuguaises et britanniques qui se croisent, vivent ensemble le temps d’une bataille. Le peuple mène une traversée du désert jusqu’à la terre promise : les remparts de Wellington où les français seront acculés faute de pouvoir avancer.

Il y a de grandes qualités dans le film de Valeria Sarmiento préparé par Raùl Ruiz dans les associations toutes inattendues de certains personnages qui lient leurs destins pour faire l’Histoire. C’est du Eugène Sue au cinéma: des prostituées pour les soldats, des malfrats, des violeurs mais aussi des blessés, des religieuses, des enfants abandonnés …. La composition sous forme de tableaux (la réalisatrice et Isabel Branco se sont inspirées des paysages du peintre Lévêque) donne au film la valeur d’une fresque très picturale. Malgré des scènes un peu longues et des choix artistiques trop audacieux (trois langues se mêlent dans le film et deux voix-off – pour les Français: Amalric et pour les Portugais), il convient de souligner la beauté de l’univers visuel où se racontent les paysages splendides du Portugual et l’admirable reconstitution à travers costumes et décors de 1800.

La réalisatrice n’a pas voulu faire comme Raùl Ruiz et c’est tout à son honneur. Elle s’est retrouvée dans les histoires du peuple portugais qui n’était pas sans lui rappeler le départ d’un million de personnes lors du coup d’état survenu au Chili, son pays d’origine.

Les lignes de Wellington de Valeria Sarmiento. Scénario de Carlos Saboga. Avec John Malkovich, Marisa Paredes, Melvil Poupaud, Mathieu Amalric, Elsa Zylberstein, Nuno Lopez, Vincent Perez … et Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Michel Piccoli, Chiara Mastroianni, Malik Zidi. Produit par Paulo Branco. Sortie le 21 novembre

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Edwige de Montalembert

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