Cinema

Les Enfants du paradis, l’envers du décor à la Cinémathèque

25 October 2012 | PAR Christophe Candoni

La Cinémathèque française consacre sa nouvelle exposition au célèbre film de Marcel Carné “Les enfants du paradis”, un chef d’œuvre inégalable sorti en 1945 et dernièrement restauré qui ressort en salles et est à nouveau édité en DVD et Blu-ray (Voir ici). Pour l’occasion, le Paris jovial et bouillonnant des années 1830, du boulevard du crime et du théâtre des funambules est recréé dans un espace qui s’apparente à un plateau de cinéma, dans lequel le spectateur est convié à suivre l’histoire houleuse mais passionnante du film.

 

 

La façade du théâtre des funambules où se déroule une partie du film a été reconstituée dans la première salle et, en surplomb, un Debureau de carton-pâte accueille les visiteurs. Un peu plus loin, plusieurs œuvres, toiles et gravures, prêtées par le musée Carnavalet figurent le boulevard du Temple où s’alignent les théâtres et les cafés peints par Adolphe Martial-Potémont et d’autres. On plonge avec envie dans le Paris romantique et bigarré d’antan et son atmosphère si vivante et passionnée qui ont inspirés Carnet et ses décorateurs. Le spectacle y est à la fois sur scène, dans la salle (le peuple qui s’agite aux balustrades du poulailler ou plutôt du paradis) et dans la rue avec ses calèches, ses marchands ambulants et autres bonimenteurs. De ses tréteaux, de cette époque, il fallait faire un film de cinéma. Les Enfants du paradis les font revivre merveilleusement.

Le public découvre une collection impressionnante d’archives : des affiches, des dessins, des maquettes, des photographies, des costumes ; ils sont signés de maîtres, les décorateurs Alexandre Trauner et Léon Barsacq, Mayo qui réalise de formidables gouaches réinventant un Paris fantasque inspiré de la commedia dell’arte… Jacques Prévert en a écrit le scénario, Joseph Kosma et Maurice Thiriet sont les compositeurs de la bande originale du film. D’une synergie parfaite entre ces artistes de grand talent découle un travail d’équipe soudée tenue par Marcel Carné et Roger Hubert à la caméra et fait la réussite de cette œuvre majeure. Il y a bien-sûr les interprètes, étincelants, inoubliables : Arletty dans le rôle de Garance, Jean-Louis Barrault en Pierrot lunaire inspiré du célèbre mime Debureau, Pierre Brasseur, Maria Casarès qui fait ses débuts, Marcel Herrand, tous dessinés avec soin sur les affiches publicitaires de Jacques Fourastié.

L’exposition retrace l’histoire du film ambitieux et difficile, énorme et coûteux. Le tournage, long de deux ans, en pleine période d’occupation, commence en 1943 à Nice (studios de la Victorine), et se poursuit, après une interruption imposée par Vichy, à Paris et Joinville une fois repris par Pathé. Sorti en 1945, il est le film de l’immédiat après-guerre. C’est un triomphe, celui du cinéma et de l’art, celui de la libération.

 

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Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

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