Un refuge dans ce monde impitoyable : l’essai classique de Christopher Lasch sur la famille enfin publié en Français

Près de 20 ans après la mort du penseur américain Christopher Lasch, son essai classique sur l’évolution de la famille dans le monde contemporain, Haven in a Heartless World: The Family Besieged (1977) est enfin publié en Français. Un ouvrage séminal, qui constate l’éclatement de la dernière forteresse : la famille et dresse une généalogie de ce qu’elle est devenue à la fin des années 1970.

Sociologue et historien américain connu pour son étude implacable de l’individualisme moderne et des malaises qu’il peut engendrer, professeur influent à Northwestern et à Rochester et auteur de l’essai “La Culture du narcissisme”, qui a secoué l’Amérique dont il analysait le narcissisme, Christopher Lasch est un penseur trop peu connu en France. Cette traduction française par Frédéric Joly de l’essai de Lasch sur la famille permettra donc au public héxagonal, de (re)découvrir une œuvre clé des sciences sociales américaines.

Entamant la réflexion par le constat que “voilà cent ans que la famille se désintègre petit à petit” malgré et peut-être à cause de l’individualisme moderne qui a fait de cette institution bourgeoise un des derniers “refuges”. Commençant par dresser un état des lieux de la manière dont les sciences sociales ont analysé la famille et la façon dont certaines d’entre-elles – notamment la psychanalyse- ont participé à sa fragilisation, Lasch propose également sa propre lecture critique des mutations que celle-ci a subies. Si la lecture de cet essai où l’auteur est toujours en dialogue avec les autres sociologues qui ont travaillé sur le sujet n’éclaire plus tout à fait le devenir de la famille des années 2012, le mouvement général de fin de la “famille nucléaire” que Lasch décrit semble bien s’être poursuivi et il est fort intéressant de lire son analyse du début de cette grande transformation.

Christopher Lasch, “Un refuge dans ce monde impitoyable- La famille assiégée”, trad. Frédéric Joly, François Bourin, collection “Washington square” (dir. Julien Charnay), 416 p., 26 euros. Septembre 2012.