Tokyo : la nouvelle BD de Joann Sfar a les cheveux rouges
Le premier volume de la nouvelle bande-dessinée de Joann Sfar (“Le chat du rabbin”, “Gainsbourg”, “Pascin”) arrive le 31 août chez Dargaud. Tokyo, c’est le nom de l’héroïne, rousse, aux formes voluptueuse et à la liberté incompressible. Mêlant dessins, photos et textes à la fois noirs et sanglants, Sfar dresse les contours d’un monde aussi violent qu’inquiétant.
Dans le tome 1 de Tokyo, une tatoueuse douée en dessin est la dernière artiste indépendante qu’un horrible bouledogue gris veut racheter, la jolie dessinatrice Joanna tient compagnie à une banane génétiquement modifiée, un tigre et un lion font un duel de chanson qui parle d’atomisation d’une île pour obtenir les faveurs de la pulpeuse et rousse Tokyo, on boit une drogue alcoolisée qui répond au doux nom de “Toxic”, un soldat est dépecé pour avoir échoué à bander dans une émission glauque de téléréalité et des poissons coupent à la hachette une jolie brunette qui ne parle pas un langage articulé.
Dans cet album qui tient à la fois de la bande-dessinée, du journal intime (la mort de Moebius ou la peur de l’absence de licence artistique hantent le texte), du roman-photo (certaines héroïnes sont immortalisées par les clichés de Philippe Charlot et insérées dans les dessins de Sfar), l’on découvre un monde sombre, violent, que le bleu froid des eaux semble avoir submergé et qui semble survivredans l’urgence de l’après-catastrophe. L’alcool comme le sexe sont destructeurs, crus et tristes, le bonheur inimaginable et seuls quelques happy fews tentent encore de défendre une bulle de liberté. Un volume inaugural en forme d’apocalypse qui surprendra ceux qui chez Sfar ne connaissent que le chat du rabbin et leur permettront de découvrir la face sombre du grand dessinateur.
“Tokyo” de Joann Sfar, t.1, quadrichromie, photos Philippe Charlot, couverture cartonnée, Dargaud, 104 p., 17.95 euros. Sortie le 31 août 2012.