Cinema

Mostra de Venise 2012 : la sélection décryptée

27 August 2012 | PAR Raphael Clairefond

C’est reparti ! Pendant que certains taillent leurs crayons, que d’autres retrouvent avec (plus ou moins de) plaisir leur ordinateur et leurs collègues de bureau, Venise s’apprête à bouillonner de nouveau. Du 29 août au 08 septembre prochain, la Mostra dévoilera une sélection qui s’annonce comme chaque année de très haut vol, probablement la seule qui n’a pas trop à rougir de la comparaison avec un certain festival du sud de la France.

Le jury : Michael Mann et ses petits camarades


C’est le cinéaste américain Michael Mann (Heat, Miami Vice…) qui officiera en tant que président du jury et on peut s’attendre à de vraies surprises quand on sait qu’il vient de placer Avatar, le blockbuster de James Cameron, et Bituful, le drame larmoyant d’Alejandro Inarritu, dans son top 10 des meilleurs films de tous les temps. Grand formaliste, cinéaste des flux et de la vitesse, il est loué par une large frange de la critique pour avoir fait entrer les codes et l’esthétique du polar dans la post-modernité, mais il peut aussi passer pour une brute capable de produire des images léchées et clinquantes qui servent de cache-misère à des personnages creux et caricaturaux, c’est selon…

Il sera accompagné dans ses choix par un jury mixte et plutôt jeune : Marina Abramovic, Ari Folman (Valse avec Bachir), Matteo Garrone (Gomorra), Laetitia Casta, Peter Ho-Sun Chan, Ursula Meier (L’Enfant d’en haut), Samantha Morton et Pablo Trapero.

La sélection : America strikes back


Après une édition cannoise jugée globalement décevante du côté américain (essentiellement des films de genre peu inventifs : Paperboy, Cogan – la mort en douce, Des Hommes sans loi), celle de Venise est marquée par le retour de trois poids lourds du cinéma d’auteur US (De Palma, Malick, Anderson) et d’un trublion : Harmony Korine. Les fans de Tarantino pourront toujours regretter l’absence de son western esclavagiste (Django Unchained), il n’empêche qu’il y a largement de quoi se réjouir. De Palma débarque avec Passion, remake de Crime d’amour d’Alain Corneau, dont la première bande-annonce laisse augurer un polar on ne peut plus « depalmesque » (thème du double, sensualité vénéneuse…).

Quant à Terrence Malick, lui qui nous avait habitué à tourner très peu de films, il sera là seulement deux ans après sa palme d’or pour Tree of Life. Il présentera To the Wonder, ou la vie sentimentale tumulteuse d’un jeune homme (Ben Affleck), entre Paris et l’Oklahoma. Il semblerait que le scénario soit en partie autobiographique, mais on sait si peu de choses sur la vie du maître… Reste à voir s’il a décidé de poursuivre dans la voie des expérimentations formelles cosmogoniques ou si ce drame amoureux reviendra en terrain plus connu.

A ses côtés, Paul Thomas Anderson, qui a connu la consécration avec There Will be blood, fait son retour avec The Master, librement inspiré de la vie du leader de la Scientologie, Ron Hubbard. Le rôle principal est tenu par le brillant Philip Seymour Hoffman et c’est Joaquin Phoenix qui tombera sous son charme pernicieux. Après la vie d’un magnat du pétrole (génial Daniel Day-Lewis), The Master se concentrera donc à nouveau sur le destin d’un personnage charismatique et manipulateur pour raconter un pan de l’histoire de l’Amérique et, au passage, offrir deux beaux rôles de composition à de grands acteurs, d’ores et déjà en pôle position pour les prix d’interprétation. Enfin, pour ne rien gâcher, la musique est encore une fois signée par Johnny Greenwood de Radiohead.

Enfin, le chien fou de cette délégation cannoise sera incontestablement Harmony Korine. Scénariste pour Larry Clark alors qu’il  n’était même pas majeur, puis auteur de films (très) radicaux, il s’est mis en tête de tourner Sping Breakers, une histoire de minettes qui braquent un restaurant pour s’offrir de bonnes vacances au soleil. Pour cela, il a réuni une affriolante sélection de jeunes filles dont certaines, révélées par les programmes de…Disney Channel (Vanessa Hudgens, Selena Gomez) viendront casser leur image de jeune fille sage. En prime, il s’offre le luxe de transformer le bellâtre James Franco en dealer arborant une dégaine de rappeur. Un soupçon de trash, du glamour un peu vulgaire, et un réalisateur réputé pour ne faire aucune concession… Autant dire que tout est réuni pour faire parler les bavards (et la presse people).

Le reste de la sélection : Assayas et les asiatiques en embuscade

Moins tapageuse, la sélection française cette année sera emmenée sans surprise par Olivier Assayas et son Après Mai, fresque adolescente sur les errances post-68, entre activisme politique et vocation artistique. En somme, on peut imaginer qu’il réalise là ses Amants réguliers à lui.
De son côté, Xavier Giannoli prendra Kad Merad dans ses valises pour lui faire découvrir les joies des festivals avec Superstar, satire autour d’un homme « qui ne voulait pas être célèbre ». Pas de jaloux, le film sort chez nous en même temps ce mercredi.
Hors-compétition, on pourra également découvrir les nouveaux films de deux autres réalisateurs assez populaires : Jean-Pierre Améris et Pascal Bonitzer.

Du côté asiatique, les attentes sont assez élevées, avec la présence en compétition de plusieurs noms bien connus des connaisseurs. D’abord, un vieux maître, en la personne de Takeshi Kitano (pour la suite d’Outrages, énième film de yakuza) ; ensuite, un cinéaste hyper-prolifique et dépressif en la personne de Kim Ki-Duk et pour terminer, un jeune philippin au style viscéral et qui tourne lui aussi à toute vitesse : Brillante Mendoza (Lola, Captive).

Enfin, Marco Bellochio, après son bouleversant Vincere, jouera à domicile avec La Belle endormie, un film sur l’euthanasie avec Isabelle Huppert. Ceux qui aiment Huppert seront certainement curieux de voir ce qu’en a fait ce grand directeur d’acteur qu’est Bellochio.

La sélection en compétition :

  • LA CINQUIEME SAISON de Rosens Woodworth
  • THE MASTER de Paul Thomas Anderson
  • UN GIORNO SPECIALE de Francesca Comencini
  • SPRING BREAKERS d’Harmony Korine
  • FILL THE VOID de Rama Burshtein
  • PARADISE : FAITH d’Ulrich Seidl
  • LINHAS DE WELLINGTON de Valeria Sarmiento
  • OUTRAGE : BEYOND de Takeshi Kitano
  • TO THE WONDER de Terrence Malick
  • APRES MAI d’Olivier Assayas
  • SUPERSTAR de Xavier Giannoli
  • LA BELLE ENDORMIE de Marco Bellochio
  • AT ANY PRICE de Ramin Bahrani
  • PASSION de Brian de Palma
  • PIETA de Kim Ki-duk
  • THY WOMB de Brillante Mendoza
  • BETRAYAL de Kirill Serebrennikov
  • E STATO IL FIGLIO de Daniele Ciprì

Rappelons en guise de conclusion que la sélection hors-compétition a largement de quoi retenir toute notre attention avec les nouveaux films de quelques vieux routards attachants : Jonathan Demme, Robert Redford, Amos Gitaï, Kiyoshi Kurosawa, Spike Lee et le doyen, Manoel de Oliveira, qui continue, à l’âge de 104 ans, à tourner un film par an, pour garder la forme !

La sélection hors-compétition :

  • COME VOGLIO CHE SIA IL MIO FUTURO ? d’Ermanno Olmi
  • CONVITTO FALCONE de Pasquale Scimeca
  • FORGOTTEN d’Alex Schmidt
  • THE COMPANY YOU KEEP de Robert Redford
  • ANTON’S RIGHT HERE de Lyubov Arkus
  • L’HOMME QUI RIT de Jean-Pierre Améris
  • LOVE IS ALL YOU NEED de Suzanne Bier
  • CHERCHEZ HORTENSE de Pascal Bonitzer
  • SUR UN FIL… de Simon Brook
  • ENZO AVAILABLE MUSIC LIFE de Jonathan Demme
  • TAI SHI O de Stephen Fung
  • LULLABY TO MY FATHER d’Amos Gitai
  • SHOKUZAI de Kiyoshi Kurosawa
  • BAD 25 de Spike Lee
  • THE RELUCTANT FUNDAMENTALIST de Mira Nair
  • GEBO ET L’OMBRE de Manoel de Oliveira
  • SHARK de Kimble Rendall
  • DISCONNECT d’Henry Alex Rubin
  • THE ICEMAN d’Ariel Vromen
  • IT WAS BETTER TOMORROW d’Hinde Boujemaa
  • EL IMPENETRABLE de Daniele Incalcaterra et Fausta Quattrini
  • WITNESS : LIBYA d’AbdallahOmeish
  • MEDICI CON L’AFRICA de Carlo Mazzacurati
  • LA NAVE DOLCE de Daniele Vicari

Tous les jours, nous vous raconterons les principaux événements de la journée et nous reviendrons sur les films marquants qui auront été révélés. Alors comme on dit en anglais pour faire branché : « stay tuned ».

Source : Accreds

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Raphael Clairefond

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