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Future Vintage : le nouvel album d’Arno maîtrise la contredanse des temps

Future Vintage : le nouvel album d’Arno maîtrise la contredanse des temps

25 August 2012 | PAR Yaël Hirsch

40 ans de composition et de scène plus tard, Arno (voir notre interview en 2011 pour le festival chorus) est toujours en mouvement. Le chanteur d’Ostende, plus rock et poète que jamais, est de retour pour un 19ème un album, en anglais et en français, au titre aussi oxymoresque qu’ironique “Future Vintage”. Sortie prévue pour le 17 septembre chez naïve. Une tournée est prévue, qui passe par le Café de la Danse les 27 et 28 novembre 2012.

Alternant les morceaux en anglais et en Français, ce “Future Vintage” balaye des thèmes assez proches de ceux du dernier album : l’adultère, par exemple était évoqué sur l’opus de 2010 avec le bouleversant “Quelqu’un a touché ma femme” et est évoqué ici dans “Dis pas ça à ma femme”. Et là où Arno usait de reprise pour réveiller son public avec “Get up, stand up” dans Brusseld, il commence en fanfare avec l’électrique “Show of Life” dans “Future Vintage”.

Mais en 2012, l’apôtre d’Ostende semble s’être libéré de la mélancolie pour offrir un album toujours résolument rock, aux accords ultra-léchés et surtout aux textes à la fois absurdes, poétiques et joueurs. Sa revisite inaugurale du tube un peu bêta de Plastic Bertrand dans son premier single “Ça plane pour nous” en est la preuve. Non seulement, Arno y chine avec génie dans le vintage, mais il le transmue en ovni futur, sorte de listing de banalités présentes à la fois poétique et absurde : Des “Lipides satures, Piles écologiques, Seins de silicone, Anneaux à l’estomac et fils à papa” défilent à la queue leuleu dans cette foule très peu sentimentale.

Moqueur, hâbleur, Arno ne croit pas ce qu’on lui vend (“Don’t believe”), surtout pas si c’est du passé recyclé, “We want more” réclame-t-il, avec un décompte bilingue tout à fait dans l’ère du temps : “One two three four”, ça rime, avec “We want more”. Et notamment, en se moquant gentiment d’un grand et regretté compatriote (dans ce qui est probablement la plus folle, la plus irrésistible et la meilleure des chansons de l’album) que les “Bonbons parlent”.

Loin des grandes nostalgies, Arno constate, rêveur, (sur la mélodie piano de l’album qu'”on ne chante pas tous les jours une chanson d’amour”. Heureusement, passé, présent ou futur, certaines constantes demeurent : “Tout le monde se touche les fesses quand il est seul dans son lit”. Usant  souvent de riffs de vieux loups, sait aussi et surtout se moquer de sa propre vétusté quand il décrit avec un surréalisme désuet les irrésistibles “Lèvres merguez” de sa maîtresse (“Dis pas ça à ma femme”) ou quand il reprend son tubesque “oh lala”, millésimé 2012, en mode total ringard épicé de chœurs de clodettes…

Musicien hors pair, voix toujours plus pénétrante, assembleur de mots qui a la grandeur des fous des poètes et des enfants, Arno est une montagne, Arno est un séisme et son dernier album un taon génial qu’il plante dans la nuque réjouie de son public. A écouter sans modération et surtout à expérimenter sur scène.

Arno, “Future Vintage”, Naïve, 15 euros. Sortie le 17 septembre 2012.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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