Cinema
Un été sous l’influence de Cassavetes : rétrospective-hommage

Un été sous l’influence de Cassavetes : rétrospective-hommage

04 July 2012 | PAR Ariane Kupferman Sutthavong

Le 11 juillet, quatre salles parisiennes ressortiront cinq chefs d’œuvre du réalisateur américain le plus influencé par la cinéphilie européenne. Cassavetes et son Amérique bien à lui, mélange culturel jazzy, sombre et poétique, reviennent à l’écran avec les films cultes Shadows, Faces, Une Femme Sous Influence, Meurtre d’Un Bookmaker Chinois et Opening Night

Les cinémas L’Arlequin, le Balzac, le MK2 Beaubourg ainsi que le MK2 Quai de Loire se partageront, le 11 juillet à venir, la programmation alléchante de cette rétrospective Cassavetes. Les cinq films projetés constituent sans conteste la part la plus vive de l’œuvre du réalisateur ; de simples moments de vie saisis par la caméra deviennent un évènement majeur pour le cinéma.

John Cassavetes, New-yorkais issu d’une famille grecque, débute sa carrière par un véritable coup de maître, Shadows, un film fondé sur l’intuition et une liberté contrôlée. Comme les cinéastes de la Nouvelle Vague française, Cassavetes filme au plus près du réel, privilégiant l’imagination et l’improvisation au scénario. Les acteurs sont rois, et c’est peut-être la raison pour laquelle le New York de 1958 a conservé toute sa fraîcheur aujourd’hui encore. Vibrant témoignage des amours inter-raciales entre un blanc et une jeune fille noire du point de vue de la communauté black, Shadows est nuances, tensions et ambiguïtés.

En bon cinéaste indé, Cassavetes enchaîne après une brève parenthèse hollywoodienne sur un film d’amis, un film réalisé sans argent ou presque, à la force du poignet uniquement. Cela n’empêche que Faces est un grand film, une vaste fresque illustrant le quotidien d’une Amérique moyenne : la banalité d’un couple une chute libre, les frustrations d’un homme et d’une femme qui se déchirent…

Une Femme sous Influence, au contraire, dépeint un couple qui se reconstitue, malgré une folie quasi-ordinaire, traitée avec réalisme mais aussi une pudeur touchante. Jamais le cinéaste ne porte de regard moralisateur ; il se contente d’enregistrer des comportements sans prononcer le moindre jugement, laissant chacun s’en remettre au sien propre. Affects divers et relations de toutes sortes sont décortiqués, analysés, les nombreux plans-séquences captant admirablement les détails et leur subtilité. “La vie est un psycho-drame” affirme  le réalisateur lors d’un entretien au Monde.

Véritable touche-à-tout, Cassavetes s’essaie en 1976 au film noir. Il réinterprète à sa manière le genre codifié à l’extrême, le soumet à ses propres armes, lui impose son rythme personnel. En ressort Meurtre d’Un Bookmaker Chinois à la fois polar contemplatif et crépusculaire et film graveleux. La ville de Los Angeles y est sublime, inquiétante, loubards et tueurs détraqués rôdant dans ses rues désertes.

Un an plus tard, sort Opening Night, sans doute son art poétique. Réalisateur certes, Cassavetes est peut-être avant tout comédien et uni par un lien très fort au monde du théâtre. Opening Night est une plongée dans cet univers : on suit une troupe, son metteur en scène, ses comédiens, son auteur, son projectionniste ou son habilleuse… Mais la folie n’est jamais bien loin, chez le cinéaste. L’actrice principale de la pièce est en proie à une crise d’identité, séjournant entre la vie et la scène et ne sachant plus faire la différence entre les deux mondes…



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Ariane Kupferman Sutthavong

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