Théâtre
Le chant des sirènes : la leçon de musique de Cédric Orain

Le chant des sirènes : la leçon de musique de Cédric Orain

05 July 2012 | PAR Ariane Kupferman Sutthavong

Dans la pénombre, quelques notes s’élèvent, puis une parole, deux, une voix. Le Chant des Sirènes comprend une musique qui agresse et berce à la fois. S’inspirant de Boutès et de La Haine de la Musique de Pascal Quignard, Cédric Orain propose une mise en scène tour à tour sérieuse, déjantée et poétique. Le mythe musical se joue jusqu’au 7 juillet au Théâtre de l’Etoile du Nord dans le cadre du festival On N’arrête Pas Le Théâtre.

La reprise ratée de Creep de Radiohead laisse rapidement place à une véritable réflexion sur le bruit, le silence et la musique, les deux derniers étant des thèmes chers à l’auteur des textes. Le comédien Olav Benestvedt s’interroge sur la musique d’origine, “un appel plus ancien que celui qu’adresse la voix”, tandis que l’accompagne, mi-femme mi-oiseau, tantôt gamine, tantôt fatale, la très douée Céline Milliat-Baumgartner. Ils sont guidés par Nicolas Laferrerie, multi-instrumentiste chargé de donner à la pièce son atmosphère si particulière. Les passages musicaux, chantés ou simplement joués, s’inscrivent dans la continuité directe de la langue de Quignard remaniée par Cédric Orain. La force de ce dernier, c’est son éclectisme, sa façon de mélanger les genres et les formes de représentation théâtrale. Philosophie et fantaisie ne forment plus qu’une seule et même voix.

Une voix qui évolue dans un décor minimaliste, simple mais rudement efficace : petites estrades de différentes tailles, enceintes, micros, câbles… Et un voile blanc, métaphore de la mer houleuse. La scène est à la fois océan, navire et rivage enchanteur. Au même titre que la musique dans le texte, la lumière est au premier plan dans la mise en scène. Plurielle, elle nous fait glisser du crépuscule à l’aube dans un mouvement ondulatoire. Tempête, nuit étoilée et matin calme se croisent sans ordre logique, nous embarquant dans un voyage fascinant.

L’omniprésence du bruit, son rôle et sa signification sont décortiqués à travers la mythologie de deux hommes confrontés aux sirènes, Boutès et Ulysse, servant d’interrogation quant au rapport de l’homme à la musique. Cette dernière, nous dit l’auteur, “saisit les âmes et les mène vers la mort”. C’est un peu le processus suivi par la pièce de Cédric Orain.

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