Historias, de Julia Murat, enquête photographique sur un village d’irréductibles

En compétition au Festival Paris Cinéma, le premier long-métrage de Julia Murat interroge de manière photographique la résistance d’un village brésilien en voie de disparition. Lumineux et poétique. Sortie le 18 juillet 2012.

Dans un village perdu de la Vallée de la Paraiba (Brésil), les jeunes se sont éteints ou ont déserté. Restent une huitaine d’habitants très âgés et aux compétences complémentaires et nécessaires à la vie du groupe. Parmi eux, Madalena (Sonia Guedes) prépare le pain. Le cimetière du village est fermé à clé, si bien que même ceux qui, comme Madalena, se sentiraient trop épuisés pour continuer doivent quand même continuer à vivre. La vie est calme et répétitive, loin du monde. Jusqu’au jour où une jeune photographe, Rita (Lisa E. Favero) demande l’hospitalité à Madalena. Même si la jeune-femme se coule à merveille dans le rituel du village, son regard neuf – qui plus est armé d’un objectif- vient bouleverser la vie du village…

Contemplatif aussi bien de vestiges époustouflants que d’humains aux traits bouleversants, “Historias” relève d’un soupçon de beauté surréaliste les arrêts sur images esthétiques que sa réalisatrice – de formation également photographe- enchaîne comme de belles perles autour d’un collier. La confrontation avec la vive jeune femme et la lumière d’une précision et d’une acuité  sortie d’une toile du 17e siècle flamand transforment la méditation en véritable interaction entre le public et le film. On se laisse prendre au quotidien sinueux des personnages et l’on finit évidemment par croire que le simple fait de raconter une histoire pourrait bien la sauver de l’ennui, comme ces portraits d’irréductibles que personne ne peut aider car eux seuls “appartiennent” à un lieu déserté.

“Historias, les histoires n’existent que lorsqu’on s’en souvient”, de Julia Murat, avec Sonia Guedes, Lisa E. Favero, Luiz Serra, Argentine/ Brésil, 2011, 1h38, Bodega films, sortie le 18 juillet 2012.