Théâtre
Avignon, un ou deux festivals ?

Avignon, un ou deux festivals ?

15 June 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Vincent Baudriller concluait l’édition 2011 du festival d’Avignon en disant : “Il y a le festival d’Avignon et autour, il y a le off ». De l’autre côté, le Off se saluait d’être le festival de tous les superlatifs. Et la bataille dure depuis quarante-six ans. Alors, peut-on dessiner un évènement, qui à l’image de Cannes en cinéma intégrerait ses off dans une démarche officielle ?

Une ignorance agressive

Face à face où plutôt dos à dos, nous avons d’un coté le off, qui se gorge de taux d’audience records. Pourtant, la situation semble se bloquer doucement puisque contrairement aux années précédentes qui voyaient le nombre de compagnies augmenter chaque année, en 2012 elles seront 975 à proposer 1161 spectacles dans 104 lieux contre 1143 en 2011 ou 980 en 2009. La hausse perpétuelle de 20% semble se tarir.

Le Off d’Avignon fait la part belle aux taux d’audience sans jamais évoquer les comédiens. « Qui veut vient » affirme Vincent Baudriller, le co-directeur du « In » jetant un regard méprisant sur le « Off ». Qui peut vient doit-on rajouter. Les théâtres parfois de fortune louent leurs créneaux horaires jusqu’à 1 5000 euros de l’heure, les décors arrivent cassés après avoir traversé le pays dans les coffres sous-loués des routiers, les tracts imprimés se montent à 2 000000 , soit l’équivalent de 12500 arbres coupés sans que la question de l’empreinte écologique soit sérieusement posée. Alors, bien sûr, des efforts sont faits, cette année, Avignon Festival & Compagnie a rédigé une charte du Off . Les signataires s’engageront à réduire autant que possible l’impact environnemental du festival, à “posséder les licences requises, à souscrire les assurances nécessaires”.

En clôture 2011, la direction du Off affirmait « Il est temps de tirer la leçon de ces chiffres chaque année en hausse. Le OFF n’est pas une foire et c’est davantage qu’un marché du théâtre : c’est un phénomène de société”.

Du l’autre côté , le festival officiel, nommé “In” par les festivaliers se place dans une démarche tout à fait autre. En 2011, Vincent Baudriller, le co-directeur associé à Hortense Archambault jusqu’en 2013, répondait à la pseudo polémique lancée par Fabrice Luchini en disant que festival est « l’inverse d’un lieu qui est fermé ». La programmation proposait 37 spectacles dont, 22 créations et 4 premières en France. 128 000 billets ont été vendus, soit 12 000 de plus qu’en 2010.

Un pas vers l’évolution ?

Pour la première fois, en 2012, les deux évènements se dérouleront à date égale. Hasard de calendrier qui fait démarrer le festival un samedi et le clore un samedi. Cela permettra aux compagnies du Off de ne pas souffrir de la chute de fréquentation immédiate dont il souffre à l’arrêt du In.

Reste que les théâtres, tel La Manufacture par exemple, qui organisent une vraie programmation artistique et pas uniquement de la location n’ont jamais prolongé au-delà de la date de fin du Festival d’Avignon.

In et Off, la guerre continue. Deux conceptions du théâtre : pour le « In » qui ne vit que pour les compagnies et pour le Off qui organise légèrement un salon du théâtre sans jamais prendre aucune responsabilité sociale sur l’accueil des comédiens. Vincent Baudriller n’a pas apaisé la situation en affirmant rejeter la formule « in » arguant « Il y a le festival d’Avignon et autour, il y a le off ».

Les deux dernières éditions d’Hortense Archambault et Vincent Baudriller avant l’arrivée d’Olivier Py s’annoncent donc toujours dans une grande distance vis-à-vis de la direction du festival off, dont l’action se résume toujours à chapeauter cette année la location des créneaux dans les lieux de représentation.

Ouverture du concept store du maroquinier m0851 à Paris
“La Princesse de Clèves” selon Marcel Bozonnet
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration