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« Chroniques ! » chez Flammarion : 50 chefs-d’œuvre de la littérature vus par la presse

« Chroniques ! » chez Flammarion : 50 chefs-d’œuvre de la littérature vus par la presse

02 January 2023 | PAR Julien Coquet

De Delphine de Madame de Staël en 1802 à Molloy de Samuel Beckett en 1951, Chroniques ! revient sur la réception des chefs-d’œuvre de la littérature, entre romans déjà portés aux nues et œuvres détruites par la critique.

La critique littéraire est-elle une science ? Le lecteur de Chroniques ! aura vite une réponse en parcourant les différentes chroniques qui parcourent le recueil. L’ouvrage, publié en partenariat avec RetroNews, le site de presse de la BnF, souhaite rendre compte « des regards de la presse sur la production littéraire ». Car presse et littérature entretiennent de fortes relations : si les lecteurs des journaux se tiennent au courant de l’actualité littéraire, ils achètent également expressément certains journaux pour des feuilletons littéraires comme Les Mystères de Paris, publié entre juin 1842 et octobre 1843 dans Le Journal des débats politiques et littéraires.

Chroniques ! nous permet de nous replonger dans plusieurs époques, le jugement de certaines œuvres littéraires ne portant pas forcément sur l’objet littéraire en lui-même, mais bien souvent sur la morale portée par l’œuvre. Tel Delphine (1802) de Madame de Staël à propos duquel le Journal des débats et des décrets écrit : « Caractères parfaitement dessinés, mais souvent hors de nature ; principes très faux, très anti-sociaux , très dangereux ; aucun but moral ». Ou, plus récemment, Les Bonnes de Genet sévèrement condamné en 1947 par Les Lettres françaises : « Non seulement Genet abuse dans Les Bonnes des divers leitmotivs existentialistes, mai il paraît se baigner avec volupté dans les misères qu’il évoque ; il ne les décrit pas, il les célèbre pour elles-mêmes ; il les chante avec un lyrisme abject qui soulève le cœur. »

Si, rétrospectivement, certains jugements paraissent à côté de la plaque, Chroniques ! met également en avant des œuvres qui ont été célébrées dès leur parution, et qui continuent aujourd’hui d’être des classiques. En 1850, le grand critique Sainte-Beuve loue La Mare au diable de George Sand, « tout simplement un petit chef-d’œuvre ». Richement illustré par les articles des critiques (parfois un peu redondantes avec le texte), les manuscrits, les premières de couverture, etc., Chroniques ! permet de replacer ces cinquante œuvres dans leur contexte.

« Œuvre de moraliste, Bel-Ami n’en déclenche pas moins une vive controverse lors de sa parution. Comme pour les œuvres de Zola, on reproche au roman de baigner dans l’immoralité : « Qu’a voulu prouver l’auteur en nous promenant à travers ces ignominies et en nous faisant assister à l’apothéose finale de ce gredin de Bel-Ami ? » s’interroge par exemple Le Siècle le 7 juin 1885.
Surtout, les chroniqueurs reprochent à l’écrivain sa satire impitoyable du milieu journalistique, milieu que Maupassant connaît bien pour y avoir travaillé. La plupart des chroniqueurs attaquent donc le roman pour son supposé irréalisme, à l’instar d’Aurélien Scholl, qui livre une critique assassine du roman dans le quotidien conservateur L’Echo de Paris du 24 juillet. »

Chroniques ! 50 chefs-d’œuvre de la littérature vus par la presse, RetroNews, Editions Flammarion, 240 pages, 25 €

Visuel : Couverture du livre

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Julien Coquet

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