Fictions
« Confessions à un ficus » de Catherine Logean : Un loser magnifique

« Confessions à un ficus » de Catherine Logean : Un loser magnifique

27 December 2022 | PAR Julien Coquet

Premier roman, Confessions à un ficus nous fait suivre un perdant magnifique, ancien cadre supérieur devenu acteur dans une obscure pièce d’avant-garde.

Cela commence mal : telle Josiane Balasko une bonne partie du Père Noël est une ordure, le héros de Confessions à un ficus, Geoffroy, se retrouve coincé dans un ascenseur. Les galères s’accumulent pour Geoffroy, homme sur lequel on ne se retourne pas vraiment dans la rue, contrairement à son frère Alexandre, à qui tout réussit. Geoffroy se présente comme la synthèse de l’homme moyen. Pour autant, un beau jour, ne supportant plus l’entreprise d’emballage dans laquelle il travaille, Geoffroy claque la porte (doucement bien sûr, pour ne pas déranger). Sa reconversion a de quoi surprendre : repérée par une jeune metteuse en scène avant-gardiste (« Vous avez un sens immédiat du banal, de la fadeur. C’est exactement ça que je cherche ! »), Geoffroy devient l’un des trois acteurs de Liberté et encodage. Où ?.

Catherine Logean prend plaisir à déconstruire les différents types de discours totalement vides de sens qui émanent de notre société : celui de l’entreprise (« je n’imaginais pas alors que devenu adulte, je renoncerais au Mexique pour m’orienter vers le flow pack en polypropylène trois soudures, imprimé ou non, et la mise sous film par pliage en X à thermosellage latéral »), du théâtre (« je veux faire sourdre, mais pas dire »), celui du bouddhisme (« j’emprunte l’octuple sentier, qui conduit à la libération »). En perte de sens, déprimé par le départ inexpliqué de sa compagne Line, Geoffroy va consulter le docteur Somme, se livrant à lui tout en regardant le ficus proche du sofa.

Si Catherine Logean arrive à nous faire aimer ce « nullard », à s’identifier à cet homme qui envoie valdinguer un métier inintéressant, Confessions à un ficus ne tient pas sur la longueur. On pense énormément aux romans de Fabrice Caro (Fabcaro) en lisant ce premier roman et, là où l’auteur de bandes dessinées arrive à renouveler le rire et à parsemer ses histoires d’embûches, Catherine Logean ne parvient pas tout à fait à susciter l’intérêt du lecteur, préférant revenir sur certaines scènes au départ amusantes qui deviennent ensuite lourdes (notamment les scènes de répétition de la pièce de théâtre). Un bon premier roman donc, qui aurait mérité d’être plus court.

« Chaque semaine, dans un fauteuil de velours vert, face à la fenêtre à laquelle lui-même tourne le dos, j’expose à son ficus l’état de ma confusion. Il m’est en effet pénible de regarder dans les yeux celui auquel j’ai décidé de confier ce que je ne suis pas capable de formuler clairement. L’ampleur de la tâche et la difficulté de l’entreprise justifient sans doute les longues méditations du docteur, qui ne prend que rarement la parole. Lors de notre dernière séance, il a cependant prononcé une phrase assez longue : « Si on ne trouve dans votre enfance aucun traumatisme originel clairement identifiable, il apparaît cependant que votre enfant intérieur a été insuffisamment nourri. ». »

Confessions à un ficus, Catherine LOGEAN, Editions de l’Arbre Vengeur, 216 pages, 17 €

Visuel : Couverture du livre

Années 80 au MAD
Paris, Police 1905 Le Paris des vices et de la vertu
Julien Coquet

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