Performance
“Volver”: Olivia Ruiz époustouflante dans les pas de Gallotta

“Volver”: Olivia Ruiz époustouflante dans les pas de Gallotta

09 October 2016 | PAR Yaël Hirsch

Le chorégraphe Jean-Claude Gallotta et la chanteuse Olivia Ruiz se sont rencontrés avec L’amour sorcier de De Falla à l’Opéra comique en 2013. Connivence, connexion, univers hispanisant, la candidate de la première Star’Ac et le disciple de Merce Cunningham racontent ensemble – avec les plus grand succès de Olivia Ruiz- une histoire proche de celle de la grand-mère de la chanteuse, réfugiée du franquisme. Dans Volver, la performance de chant et de danse de la “femme chocolat” est époustouflante. Une comédie musicale de haut vol.

[rating=5]

Espagne, années 1930, venue d’une famille de résistants au franquisme, Pepita est obligée de quitter sa patrie et se réinvente une identité et un nom à Paris, où elle travaille comme femme de ménage au lapin Agile. Là, elle rencontre le beau et mystérieux Rafaël, lui aussi engagé politiquement et du même pays qu’elle, qui lui rappelle ses racines. Mais la vie emporte Rafaël et fait de Pépita – qui se fait désormais appeler Josephine “de Carcassonne”- une star…

Véritable “one woman show” d’une Olivia Ruiz qui chante ses plus grands tubes “cousus” avec intelligence, qui danse et scande la narration de “Volver” en voix off, le spectacle n’en est pas moins parfaitement signé Gallotta. Musclée, endurante, Ruiz s’entoure et suit les mouvements des 9 danseurs qui font le spectacle avec elle. Certains cycles sont maintenus dans cette fable un peu princesse, un peu sensuelle, très amoureuse et assez engagée sur le devenir d’une jeune réfugiée : le spectacle se termine là où il a commencé, avec les danseurs venant enlacer une jeune-femme assise et esseulée derrière son écran.

Côté musique, les arrangements des tubes d’Olivia Ruiz (qu’elle chante en français, anglais et espagnol) sont souvent rock et entraînants. “Quijote” et “Goûtez-moi” sont électriques, notamment sur projection de bouche gourmande pour le dernier titre. “La femme chocolat” est enrobé de style flamenco résolument festif, tandis qu’un peu de grandiloquence en blanc pour le quasi-final “J’traîne des pieds”, ne nuit pas.

Princesse et réfugiée, danseuse et chanteuse, musculeuse et petite chose, Olivia Ruiz impressionne par sa performance très physique, tandis que Gallotta reste Gallotta : mains écrans, geste purs, mais flamenco rond et sensuel, où la mort ou le malheur sont enrobés avec élégance par les mouvements du groupe, comme pour adoucir en ombres chinoises, la peine de la perte.

Mêlant brillamment les paillettes du music-hall à un vrai propos sur le sort des réfugiés d’hier et d’aujourd’hui, Volver, est une grande réussite où deux univers puissants et très différents se rencontrent et se fécondent : le chocolat de Ruiz s’offre au bras tendu de Gallotta.

Volver de OLivia Ruiez, Jean-Claude Gallotta et Claude-Henri Buffard, avec Olivia Ruiz (chant, danse), Agnès Canova, Paul Gouëllo, Ibrahim Guetissi, Georgia Ives, Fuxi Li, Lilou Niang, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Béatrice Warrand (danse), Vincent David, Martin Gamet, David Hadjadj, Frédéric Jean, Frank Marty (musiciens). Coproduction avec la Biennale de la Danse de Lyon. Durée du spectacle : 1h15.
visuel : Guy Delahaye

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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