Cinema
L’Oiseau, l’envol de Sandrine Kiberlain

L’Oiseau, l’envol de Sandrine Kiberlain

20 January 2012 | PAR Olivia Leboyer

Après Cache-Cache en 2005 (sélectionné à la Quinzaine à Cannes, avec entre autres l’excellent et trop rare Antoine Chappey), Yves Caumon livre un film troublant, très pur, sur une femme murée dans sa solitude, qui va peu à peu revenir à la vie. Sortie le 25 janvier.

Entre son petit appartement sans charme et son travail ingrat dans les cuisines d’un bateau, Anne (Sandrine Kiberlain) s’applique à vivre au minimum, comme absente à elle-même. Son comportement intrigue Raphaël, le chef de cuisine (Clément Sibony, que l’on avait beaucoup aimé dans Déjà mort, L’Envol et que l’on est ravi de revoir), qui aimerait bien approcher Anne, la connaître mieux. Mais, à la manière d’un oiseau, elle s’envole dès qu’on l’effarouche. Regard fixe, réactions quasi automatiques, presque désaccordées, Anne semble ne plus éprouver grand-chose. On devine qu’un drame l’a rendue ainsi ; on en aura confirmation. Après la mort accidentelle de son enfant, Anne ne peut plus renouer le fil de ses sensations. Autour d’elle, la vie continue, son ex-mari a épousé une autre femme et va avoir un autre enfant. Le soleil brille sur Bordeaux et sur la Garonne et le jeune chef cuisinier est bien séduisant.
Yves Caumon filme l’ambivalence d’Anne, oiseau attiré par la lumière, par la fenêtre, tout en les refusant. Joli moment métaphorique, un vrai oiseau (une tourterelle ?) se trouve, lui aussi, réellement muré dans l’appartement d’Anne, qui cohabite donc avec lui. Approcher doucement l’animal lui fait sans doute ressentir tout ce à quoi elle a renoncé et rend sa douleur à la fois plus vive et plus vaine.
Sandrine Kiberlain est merveilleuse dans ce rôle de femme forte, solaire et irrémédiablement brisée, qui hésite constamment entre la fuite et le contact humain. En ex mari un peu immature et décalé, Bruno Todeschini est, comme toujours, épatant. Et l’on note le petit rôle de Serge Riaboukine, dont la présence est toujours remarquable.

Dès les notes du générique, le motif de l’eau qui s’écoule s’impose : il va imprégner tout le film de sa douceur et de son charme étrange.

L’Oiseau, de Yves Caumon, France, 1h33, avec Sandrine Kiberlain, Clément Sibony, Bruno Todeschini, Serge Riaboukine, Alice Belaïdi. Sortie le 25 janvier 2012.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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