Cinema
A l’âge d’Ellen – Jeanne Balibar en apesanteur

A l’âge d’Ellen – Jeanne Balibar en apesanteur

02 January 2012 | PAR Emma Letellier

Présenté en sélection officielle des festivals de Locarno et de Toronto et en salle le 4 janvier, A l’âge d’Ellen est le deuxième long-métrage de Pia Marais. L’histoire est celle d’une femme dans un moment de doute et de rupture, où tout s’effondre et où tout redevient possible. Jeanne Balibar incarne avec souplesse et douceur Ellen, « à l’âge de raison » comme elle dit.

Ellen est hôtesse de l’air. Alors qu’elle retrouve Florian entre deux escales, ce dernier lui apprend qu’une autre femme attend un enfant de lui.  Rendue à sa solitude, dépossédée de ses repères, Ellen entre alors en apesanteur. Elle flotte entre des murs qui s’effritent, des certitudes qui s’effondrent, contrainte de redessiner sa vie et d’envisager l’avenir comme une aventure. Elle quitte son poste et se hasarde en lisière du tarmac, dans les herbes hautes, là où parfois on voit s’affoler des oreilles de lapin. Ellen erre ainsi de mésaventure en mains tendues jusqu’à intégrer un squat de militants altermondialistes en désaccord avec l’industrie agro-alimentaire. Elle rencontre Karl et se risque sur un sentier inconnu.

Si Jeanne Balibar occupe presque constamment l’œil inquisiteur de la caméra,  c’est pour mieux percer à jour les mécanismes intérieurs qui poussent cette femme en dehors des sentiers battus, à réinventer sa vie alors même que son équilibre s’est rompu. Avec délicatesse et bienveillance, Pia Marais s’essaye à décrypter un âge et une société où ce que fonde l’enfance ne semble plus avoir de prise sur l’âge adulte : « Tout ce qui nous a donné un équilibre tel que les structures familiales, la religion ou simplement le fait de continuer à vivre dans l’endroit où l’on est né, dans le même environnement depuis plusieurs générations, tout cela est en train de disparaître. ». L’histoire d’Ellen serait peut-être celle d’une enfant arrivée à l’âge adulte : celui où l’on s’accorde sa propre raison, dégagé du schéma familial et de la tentation d’une stricte reproduction.

Dans leur silence et leur curiosité, les yeux grands ouverts de Jeanne Balibar donnent sa puissance au personnage d’Ellen : à la fois douce et rude, triste et joyeuse  admirable dans ses contradictions. Pia Marais propose ici une aventure soyeuse et parfaitement farfelue dans laquelle déambule avec calme et fantaisie un personnage des plus attachants par sa singulière banalité.

 

 

 

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Emma Letellier

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