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Sortie dvd: The Lady (Besson), hymne à la résistance et à Aung San Suu Kyi qui triomphe enfin en Birmanie

Sortie dvd: The Lady (Besson), hymne à la résistance et à Aung San Suu Kyi qui triomphe enfin en Birmanie

18 April 2012 | PAR Gilles Herail

Le dernier film de Besson avait tout pour devenir un grand succès populaire. La presse, mitigée, mais moins cassante que pour les autres films du réalisateur le plus détesté de la profession. Mais au final, un passage en salles inaperçu et à peine 500 000 entrées. Un grave échec pour un film au budget conséquent. Et bourré de qualités. Avec ce grand drame romantique et lyrique, épris de liberté, Luc Besson remettait sur le devant de la scène l’opposante birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix il y a 20 ans et dont le parti vient de remporter une victoire écrasante il y a quelques jours dans les élections du parlement birman. L’actualité récente donne une nouvelle raison de redonner une chance à ce film puissant qui malgré sa facture classique, rend un hommage universel aux grandes figures de la résistance et à la force des convictions.

Synopsis officiel : “The Lady” est une histoire d’amour hors du commun, celle d’un homme, Michael Aris, et surtout d’une femme d’exception, Aung San Suu Kyi, qui sacrifiera son bonheur personnel pour celui de son peuple. Rien pourtant ne fera vaciller l’amour infini qui lie ces deux êtres, pas même la séparation, l’absence, l’isolement et l’inhumanité d’une junte politique toujours en place en Birmanie. “The Lady” est aussi l’histoire d’une femme devenue l’un des symboles contemporains de la lutte pour la démocratie. On avait quitté Besson avec des Minimoys et une Adèle Blanc Sec, dans un cinéma populaire familial efficace mais manquant de personnalité et de panache. On retrouve le réalisateur du Grand Bleu dans ce projet qu’il na pas initié mais qui semblait pourtant fait pour lui. Une figure féminine héroïque, une histoire passionnelle et une sensibilité que l’on avait oubliée chez le réalisateur de Léon et de Nikita. Très peu soutenu par une critique semble-t-il aveugle, The Lady est l’un des tous meilleurs films de l’enfant terrible du cinéma français. Et l’un des plus émouvants de l’année écoulée. Besson et Michelle Yeoh ont su poursuivre une ligne très originale, inscrivant le fait politique dans une histoire d’amour exceptionnelle. Le personnage féminin n’est en effet pas seul, se faisant souvent voler la vedette par le mari, incarné par un David Thewlis passionnant.

The Lady évoque bien de manière pédagogique en toile de fond la dictature Birmane et le mouvement d’émancipation né autour du charisme de cette femme extraordinaire qui n’a eu d’autre choix que d’incarner la résistance à la junte en tant que fille de l’un des héros de la nation birmane. Le film a en réalité une vocation plus universelle. Une ode à la passion, au courage, et à l’abnégation à travers l’histoire de ce couple fusionnel prêt à sacrifier une existence paisible au nom d’un idéal commun qui fonde leur union et leur amour. The Lady n’est jamais naïvement sentimental car le scénario rappelle comment la pression psychologique est l’une des armes les plus efficaces des dictatures. San Suu Kyi est confrontée à des choix impossibles imposés par le régime qui veut la pousser à rentrer en Angleterre et éviter ainsi d’utiliser la force avec un assassinat qui risquerait de créer une martyre et un soulèvement. Besson filme souvent du point de vue du mari et à hauteur du couple. Ce couple qui tiendra bon, malgré l’éloignement et l’assignation à résidence pendant plus de 10 ans. Pour préserver cette étincelle d’espoir et de liberté qu’incarne Aung San Suu Kyi.

Comme tous les films de Besson, The Lady n’est bien sur pas dénué de tares, notamment quelques minutes vers la fin du film n’évitant pas toujours le mélo et une vision caricaturale et quasi cartoonesque des militaires au pouvoir. Le film a aussi beaucoup été attaqué sur son manque de précision historique. Mais ni Besson ni Michelle Yeoh n’ont revendiqué cet aspect documentaire que le public aura le loisir d’aller approfondir lui même sur internet, après avoir été touché par l’histoire de cette femme exceptionnelle. Porté par la musique magnifique d’Eric Serra, The Lady est un film magnifique, envoutant et puissant. Qui provoque des frissons au moment où tout un peuple se lève autour de cette figure improbable, frêle mais tellement solide, d’abord hésitante puis implacablement déterminée. Grâce à l’intensité de Michelle Yeoh qui incarne parfaitement ce magnétisme et cette ténacité mais surtout l’incroyable sérénité assurée que l’on retrouve chez la véritable San Suu Kyi. Besson la filme comme une icône, de manière quasi religieuse. Car le personnage ne peut décevoir, montrer ses failles, incarnant à elle seule la possibilité d’un changement. Loin de l’Ordre et la morale de Kassovitz qui visait à rouvrir un débat politique sur les conditions de l’intervention de l’armée en Nouvelle Calédonie, Besson a voulu filmer un espoir universel. Ne cherchant pas le coup de poing, mais avec le cœur. Un grand film.

The Lady, un drame français de Luc Besson avec Michelle Yeoh et Daniel Thewis, durée 2h07, sortie en DVD le 18 avril 2012

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Gilles Herail

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