Politique culturelle
Jean-Marie Le Guen, «  l’éducation à la santé est au cœur du pacte républicain »

Jean-Marie Le Guen, « l’éducation à la santé est au cœur du pacte républicain »

30 November 2011 | PAR Amelie Terranera

Jean-Marie Le Guen est, à 58 ans, le Maire-adjoint de Paris, chargé de la Santé publique et des relations avec l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). Si nous connaissons sa carrière d’homme politique engagé, n’oublions pas que monsieur Le Guen est avant tout Docteur en médecine. Nous l’avons ainsi interrogé, dans le cadre de notre dossier SIDA, au sujet de cette maladie, qu’il a longtemps considéré comme un fléau effrayant, ce qui pour autant ne l’empêche pas d’affirmer qu’ « il faut continuer la lutte ».

Jean-Marie Le Guen ne manque pas de bonhomie. L’homme politique, au regard profond et déterminé, sait aussi faire preuve d’une certaine franchise. Il n’a pas peur de soutenir que le système de santé français est dans une mauvaise passe, d’une part car il n’a pas su s’adapter aux nouveaux défis imposés par les progrès de la médecine et d’autre part, selon lui, puisque notre système de santé pâtit de la politique libérale menée par le gouvernement actuel.

L’homme politique ne mâche pas ses mots, il a même parfois tendance à hausser le ton. Mais l’on sent néanmoins en lui la volonté et l’engagement. Lorsqu’on lui parle du virus du VIH, Jean-Marie Le Guen se veut rassurant : « on ne meurt plus du SIDA ». Il est fier d’affirmer que grâce à la recherche et aux progrès de la science, le VIH n’est plus une maladie mortelle mais une pathologie chronique. On vit désormais avec le VIH. Jean-Marie Le Guen est pourtant loin d’idéaliser la situation. Il n’est pas question d’éclaircir le tableau de la situation actuelle, « aujourd’hui encore – même si grâce au combat acharné de toutes ces forces vives la maladie, en France a régressé – il faut continuer la lutte. Au nom des plus vulnérables mais aussi pour combler le fossé qui existe avec les pays du Sud. »

Nous l’avons également questionné au sujet du dépistage rapide (dits tests rapides d’orientation au diagnostic) mis en place par la Ville de Paris. Monsieur Le Guen vante les mérites de cet outil de prévention novateur et complémentaire d’un ensemble plus vastes d’actions de prévention du VIH. Ces tests instantanés, qui permettent d’avoir un résultat dans les 30 minutes qui suivent le prélèvement d’une goutte de sang, s’adressent en priorité aux Français qui n’ont pas, ou peu, recours au dépistage. Jean-Marie Le Guen souligne les avantages de cette mesure : diminutions des personnes n’allant pas chercher leurs résultats, captation d’une population nouvelle sujette aux prises de risque, extension des outils de prévention aux milieux associatifs et communautaires. Toujours selon monsieur Le Guen, il est indispensable de développer les offres de dépistage quand on sait que près de 40 000 personnes ignoreraient en France qu’elles sont séropositives.

La lutte contre le SIDA est un combat de tous les jours, un combat politique qui se mène aussi sur le terrain en contestant les discriminations et la stigmatisation. Jean-Marie Le Guen déplore les exclusions et la désocialisation, conséquences de la maladie : « je pense tout particulièrement aux personnes séropositives encore trop souvent bafouées dans leurs droits et leur liberté. »

Le Dr Jean-Marie Le Guen, responsable des questions de santé pour le programme présidentiel de François Hollande, mise avant tout sur la prévention pour endiguer la pandémie du VIH. Il craint que les progrès de la recherche favorisent la baisse de vigilance de nombreux citoyens, et en particulier les jeunes générations. Monsieur Le Guen, bienveillant, attire encore et toujours notre attention sur l’éducation à la santé et à la santé sexuelle : « Apprendre à préserver sa santé, à connaître et à respecter son corps est essentiel pour l’acquisition de l’autonomie. » D’après le député de Paris, ces problématiques doivent être au cœur de nos politiques éducatives.

Pour conclure, Jean-Marie Le Guen se veut optimiste mais ferme. Certes, il reconnait une fois de plus les avancées majeures dont notre pays a pu profiter : multithérapies, net recul de la transmission du virus mère-enfants, infections chez les usagers de drogue en déclin, etc… Seulement, en dépit de ce bilan positif, monsieur Le Guen martèle qu’il reste encore énormément à faire « en particulier pour que l’accès au traitement ne soit pas un slogan mais une réalité, partout dans le monde. »

 

Visuel : AFP

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