Arts
L’âme, les trésors et la souveraineté des Maori au Musée du Quai Branly

L’âme, les trésors et la souveraineté des Maori au Musée du Quai Branly

04 October 2011 | PAR Yaël Hirsch

Du 4 octobre 2011 au 22 janvier 2012, le Musée du Quai Branly ouvre sur la culture et la civilisation maories des origines à nos jours. Un joli parcours venu directement du musée national de Nouvelle Zélande Te Papa Tongarewa (Wellington) où l’on découvre la centralité de la notion de Tino Rangatiratanga ou maîtrise des ressources du territoire. “Maori, leurs trésors ont une âme” montre à travers l’art et des documents sur la manière de vivre maoris combien cette civilisation a toujours été souveraine, au point de signer une déclaration d’indépendance en 1845 et la faire adopter à l’Angleterre dans le Traité de Waitangi, qui unit la Nouvelle-Zélande, certes en colonie britannique, mais dont les terres, les forêts et les littoraux devaient demeurer sous autorité Maorie.

L’exposition est articulée autour des concepts forts qui structurent l’identité maorie.

D’abord le Whakapapa ou généalogie. Dans la mythologie maorie, les premiers habitants de l’île sont arrivés sur des canaux ou waka et découvert la Nouvelle Zélande (ou Aoteaora en Maori) derrière les flots et la brume. Constructeurs célèbres de barques et navires, les Maoris ont toujours considérés leurs embarcations comme le signe de leur élection dans le pacifique. ce sont souvent des objets cérémoniels. Encore aujourd’hui, un des sports nationaux est le waka ama (pirogue de course). Ces divers types de barques sont exposés au Musée du Quai Branly.
Organisés en tribus (iwi) et familles (whanau), les Maoris voient dans la whare tupuna (la maison ancestrale ou maison communautaire tribale) le foyer de leur identité. Souvent ces maisons sont sculptés de manière à représenter les ancêtres illustres de la tribu. A côté, les wharenui (maisons de réunion) sont au cœur de la vie sociale; elles ont joué un rôle crucial dans l’organisation des mouvements indépendantistes des années 1970, notamment là Bastion Point en 1977-1978.Le tatouage joue un rôle prépondérant dans cette inscription identitaire des maoris. Ta moko ou l’art du tatouage est une sorte de cartographie de la généalogie d’un maori, souvent imprimée sur son visage. L’exposition permet d’entrer dasn les subtilités de cet art à travers des sculptures anciennes (dont une superbe vierge à l’enfant qui témoigne de l’influence chrétienne) et des photographies contemporaines.

 

La deuxième partie de l’exposition dévoile les coutumes établies autour du mana (charisme, autorité). celui-ci se transmet par la généalogie, et un maori porte souvent le charisme de sa lignée à travers une cape, des trésors personnels (taonga) et un pendentif anthropomorphiques de jade (Hei tiki) : les manas de tous ceux qui l’ont porté accompagnent son nouveau possesseur. Enfin, la langue-elle-même (Te reo maori) a son mana, et si elle a décliné au 20e siècle, elle connaît un regain de vigueur depuis une vingtaine d’années.

 

 

 

 

La troisième partie se concentre autour du thème clé de la protection et de la préservation (kaitiakitanga). dans le système maori, le monde est un environnement où tous les éléments entrent en relations. Ils se font donc un devoir de respecter la terre où ils sont nés, d’exceller à la pêche pour faire fructifier les littoraux. Il respectent également le principe de Manaakitanga : le soin des autres par l’hospitalité.

 

Montrant aussi bien des sculptures ancestrales que des artistes contemporains (les photographes Fiona Pardington et Laurence Aberhart, le peintre Derryn George, et des installations dans le jardin et le hall du musée  signées Michael Parekowhai), “Maori, leurs trésors ont une âme” est une exposition vivante, qui se penche autant si ce n’est plus sur la souveraineté des maoris d’aujourd’hui que sur leur longue histoire de l’Art.

Autour de l’exposition, ne manquez pas les évènements maoris, notamment, plusieurs séances autour du tatouage. Toutes les informations, ici.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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