Cinema
Sucker Punch: Snyder entre fantasme et réalité

Sucker Punch: Snyder entre fantasme et réalité

30 March 2011 | PAR Gilles Herail

Le réalisateur de Watchmen garde son style inimitable dans un film plus mature que les précédents. On adore ou on déteste mais l’ambition visuelle et scénaristique du cinéaste force le respect. La critique de cet hybride entre Watchmen, Inception et Shutter Island.

Synopsis officiel: Fermez les yeux. Libérez-vous l’esprit. Rien ne vous prépare à ce qui va suivre. Bienvenue dans l’imaginaire débordant d’une jeune fille dont les rêves sont la seule échappatoire à sa vie cauchemardesque… S’affranchissant des contraintes de temps et d’espace, elle est libre d’aller là où l’entraîne son imagination, jusqu’à brouiller la frontière entre réalité et fantasme…

Zack Snyder reçoit depuis le début de sa carrière un accueil critique et public très partagé: les commentaires sont rarement tièdes pour son cinéma adulé ou méprisé.  Sucker Punch porte du début jusqu’à la fin la marque de son auteur, ne se résumant pas aux fameux ralentis à la Matrix et à une violence assumée. De Watchmen à Ga’Hoole, des thèmes plus adultes parcourent en effet l’esprit de ce cinéaste singulier. Sucker Punch va plus loin et démontre une complexité thématique qu’il n’avait jusque là qu’assez peu exprimée. Depuis les avant-premières, les fans proposent des analyses en tout genre, des hypothèses saugrenues expliquant la cohérence de l’histoire. On retrouve un effet “Inception” où Nolan s’était amusé à susciter une interaction ludique avec son public pour découvrir La véritable interprétation. Inception encore, sur la multiplication des niveaux de réalité: une jeune femme internée dans un hôpital psychiatrique qui s’imagine une vie d’esclave dans un bordel où ses rêves l’emmènent vers des combats mythologiques dans un univers de fantasy.

Inutile d’entrer dans les détails du scénario qui superpose ces différentes réalités de manière plutôt astucieuse tout en se raccrochant en toile de fond à la folie et la quête de liberté du personnage principal. Le monde le plus virtuel, celui annoncé par la bande-annonce est d’une richesse impressionnante, introduisant des éléments de science-fiction ou de mythologie dans des évènements historiques datés. La caméra virtuose de Snyder propose des plans hallucinants, toujours portés par une musique tonitruante. Si cet univers rappellera aux bons souvenirs du bourrin 300 en version féminisée, il ne constitue qu’une partie d’un film beaucoup plus complexe. Les scènes plus réalistes sont ainsi étonnamment réussies, rappelant qu’il ne faut pas réduire Snyder à un simple faiseur de jeux vidéos sur grand écran. Les reprises musicales de Sweet Dreams et Where is my mind illustrent cette volonté de dramatiser le récit, annoncée dès la première séquence, magnifique.

Foisonnant et proposant mille idées à la seconde, Sucker Punch arrive aussi à émouvoir, pour ceux qui auront accepté les règles du jeu de son auteur. Zack Snyder réalise surement son chef d’œuvre en poussant à leur paroxysme ses défauts et ses qualités. Impossible de classer ce Sucker Punch dans une case bien définie. En décortiquant, on trouvera facilement des tics, des maladresses, du mauvais goût, trop de bruit, trop d’images, trop de niveaux de lecture. Dans un style différent, Chez Gino, le nouveau film de Benchetrit avec José Garcia qui sort aujourd’hui appelle le même constat: du vrai cinéma d’auteur, brouillon, innovant et généreux qui enchante ou laisse de marbre.

Gilles Hérail

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Gilles Herail

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