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“Last Dance”, les adieux d’une drag-queen

“Last Dance”, les adieux d’une drag-queen

21 February 2023 | PAR Julia Wahl

La documentariste Coline Abert nous emmène sur les traces de Lady Vinsantos, une drag-queen de la Nouvelle-Orléans qui poursuit un rêve : faire son dernier show à Paris.

Des adieux en beauté

S’il s’agit d’un film documentaire, il est construit autour d’une dramaturgie digne d’un film de fiction : comment, pour Vince, dire adieu à son personnage de drag-queen Lady Vinsantos ? En personne férue d’opéra et de romanesque, Vince est convaincu que cet adieu ne saurait se contenter de peu : il lui faut, pour clore des décennies de drag, des adieux dans un lieu chargé de rêves, Paris. Pourtant, avoir trouvé un show dans la capitale française s’avère une plaie autant qu’une chance : comment, en effet, gérer la tension et l’angoisse engendrées par ce rêve devenu réalité ?

Nous voyons ainsi Vince se dépêtrer de ses doutes et lutter contre une tendance à la procrastination destinée à mettre à distance cette angoisse omniprésente. Toutefois, le jour venu, le show est prêt : il ne reste plus, l’estomac noué, qu’à traverser l’océan.

Place au hors-scène

Vince est pour ce faire entouré de ses élèves du workshop qu’il animé avec régularité. Des jeunes venu.es d’horizons divers, qui voient dans le drag la possibilité de se trouver enfin et d’échapper à un quotidien décevant, voire destructeur. Une très jolie scène de lancement du workshop permet ainsi à chacun et chacune de s’exprimer sur son parcours et sur ce qu’il ou elle espère trouver dans le drag.

L’une des réussites de ce film documentaire est en effet de parvenir à faire clairement de Vince le personnage principal tout en accordant une place importante à celles et ceux qui l’accompagnent. Son compagnon apparaît très souvent à l’écran et vient commenter les doutes et les actes de Vince.

Cet intérêt pour des personnages d’une ombre relative s’articule à une curiosité pour le hors-scène : le maquillage, bien sûr, mais aussi la confection des faux seins et le poids de ces derniers quand ils sont en plastique. Les plans rapprochés sur les visages mettent en lumière les doutes des drag-queens autant que les paillettes des maquillages. La nostalgie et la mélancolie informent ainsi l’ensemble du film, qui laisse toutefois une belle place à un humour léger.

Visuel : Condor Distribution

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Julia Wahl
Passionnée de cinéma et de théâtre depuis toujours, Julia Wahl est critique pour les magazines Format court et Toute la culture. Elle parcourt volontiers la France à la recherche de pépites insoupçonnées et, quand il lui reste un peu de temps, lit et écrit des romans aux personnages improbables. Photo : Marie-Pauline Mollaret

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