Cinema
Tron l’héritage: blockbuster à contretemps

Tron l’héritage: blockbuster à contretemps

08 February 2011 | PAR Gilles Herail

Projet improbable produit par Disney, Tron l’héritage est la suite d’un film des années 80 devenu culte. Une aventure de science-fiction dans un univers numérique ultra cohérent avec une identité visuelle  et musicale inclassable. La critique.

Synopsis: Sam Flynn, 27 ans, est le fils expert en technologie de Kevin Flynn. Cherchant à percer le mystère de la disparition de son père, il se retrouve aspiré dans ce même monde de programmes redoutables et de jeux mortels où vit son père depuis 25 ans.

La cible geek est décidément à l’honneur après deux œuvres dédiées: Kick-Ass et Scott Pilgrim vs the rest of the world. On peut voir Tron comme une version moins légère et moins indépendante que Scott Pilgrim. On y retrouve cette même nostalgie de la préhistoire du numérique, les sons caractéristiques des premières gameboy, le mélange entre réel et jeux vidéo. Tron l’héritage est un vrai pari car il se retrouve 30 ans après l’original dans un monde où les référents ont changé, où le fantasme numérique est devenu une réalité, l’esthétique épurée, géométrique et le design futuriste années 80 sont quasiment anachroniques Il faut donc louer la prise de risque d’un projet couteux qui ose ne s’adresser qu’à une niche.

Un film ne s’arrête cependant pas à son ambition mais sans être une franche réussite, cette suite assure le spectacle. Il faut noter l’efficacité de la première demi-heure qui présente de manière intelligente les enjeux et les personnages. La fluidité et l’élégance de la mise en scène qui s’affirment déjà dans la partie « réelle » sont décuplées lors de l’entrée dans l’univers virtuel sublimé par la 3D. On ne saura louer assez le choix de tourner les moments « terrestres » en 2D, l’irruption du relief étant lié à la rupture entre entre les deux mondes (là où le Green Hornet de Gondry utilisait la 3D systématiquement).

Filmés comme un ballet, les combats de disques et les poursuites en moto ont un vrai pouvoir d’émerveillement entretenu par la musique de Daft Punk, alliant la puissance lyrique d’Hans Zimmer sur Inception et la sonorité rétro-métallique du synthé. Passé la première heure, le film montre ses limites. Une propension à multiplier les emprunts (Star Wars entre autre) et  à trop se prendre au sérieux, sans en avoir les moyens. Le scénario ne sait utiliser des thématiques intéressantes (les ISO, des programmes apparus spontanément, la dictature de la perfection…) et se focalise sans trop y croire sur les relations père fils.

On regrette surtout le manque de complicité entre les acteurs au jeu trop désincarné, Garrett Hedlund en tête, qui se révélait beaucoup plus charismatique dans la partie réelle. Tron l’héritage ne sera donc en aucun cas le nouveau chef d’œuvre de la science-fiction américaine. Il faut plutôt le prendre comme un fantasme visuel, une féérie de sons et de lumières, dirigé de manière chorégraphique et qui prend tout son sens sur un grand écran. Un univers d’une certaine manière autiste d’où surgissent des moments d’action contemplatifs, ne cédant jamais à la mode de la caméra hystérique qui tressaute sans jamais se poser. L’originalité du produit et son intégrité méritent donc d’y jeter un coup d’œil si l’univers vous attire.

Gilles Hérail

 

Tron l’héritage, un film de science-fiction américain de Joseph Kosinski avec Jeff Bridges et Garrett Hedlund, sortie française le 7 février, 2h10

 

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Gilles Herail

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