Rendez-vous l’été prochain: une comédie romantique personnelle et attachante

En salles depuis le 29 décembre, le premier film de Philip Seymour Hoffman est une bonne surprise. Pour son passage derrière la caméra, l’acteur de Truman Capote réalise une comédie romantique à la sauce « cinéma indépendant » qui révèle de réelles qualités d’écriture et de mise en scène. Un début de carrière à suivre avec attention. La critique ici.

Synopsis: « Jack est un chauffeur de limousine attachant et socialement un peu inadapté. Il passe le plus clair de son temps avec son ami Clyde et sa femme Lucy. Grâce à eux, il rencontre la fragile et maladroite Connie et en tombe amoureux. Afin de la séduire, Jack apprend à cuisiner avec ténacité, se prend à rêver d’une nouvelle carrière et va même jusqu’à apprendre à nager. Jack veut absolument tenir la promesse qu’il a faite à Connie lors de leur rencontre : une balade en bateau à Central Park ! Mais alors que le couple de Jack et Connie tente de dépasser leurs inhibitions sans renoncer à leur idéal, celui de Clyde et Lucy commence, lui, à s’effriter…

Les distributeurs français prennent souvent un malin plaisir à enlever toute originalité aux titres de films étrangers. Après la suppression du « k » dans Knight and Day (le titre choisi night and day perd le jeu de mot initial), la transformation de Bride and prejudice en « coup de foudre à Bollywood » (belle inspiration…), Jack goes boating devient Rendez vous l’été prochain. Programmé dans une cinquantaine de salles pour une sortie technique, Jack goes boating se voit donc affubler d’un titre indiquant une énième comédie romantique américaine lambda dont Katherine Heigl s’est fait la spécialiste.

Philip Seymour Hoffman est pourtant bien loin des canons du genre et se rapproche d’une veine Sundance de la comédie américaine, préférant la classe ouvrière aux créatrices de mode et mettant en scène des personnages en marge, inadaptés sociaux. Rendez–vous l’été prochain garde une honnêteté sans faille et une délicatesse certaine pour raconter l’histoire de ce couple surprenant qui tente petit à petit de construire une relation. Le scénario installe en parallèle la naissance d’une romance et la fin d’une autre qui se télescopent dans une scène finale de diner à quatre qui alterne intelligemment des moments détendus et des scènes d’une grande tension.

Grâce à de bonnes idées de mises en scène et un sens inné de l’image, Philip Seymour Hoffman arrive à transcender de nombreuses séquences anodines qui gagnent en profondeur. L’ouverture au monde du personnage qu’il incarne passe par des défis d’apparence triviale (apprendre à nager, cuisiner un bon repas) qui prennent une ampleur inattendue sous l’œil inventif du réalisateur. Brossant des portraits attachants mais sans concession de ses personnages, Seymour Hoffman filme les difficultés et les appréhensions de ces deux couples qui se forment ou se défont dans une atmosphère particulière réellement originale.

On pardonnera alors les écarts et les facilités d’un réalisateur qui manque encore d’expérience et ne sait toujours s’extraire des « passages obligés » du genre. La neige à New-York, la musique permanente qui ne réserve pas assez de moments suspendus et certains tics du cinéma indépendant américain qui font perdre au film son originalité. Malgré ces quelques réserves  que l’on retrouve dans de nombreux premiers  long-métrages, on retient donc une œuvre touchante, singulièrement drôle dont la réussite tient non seulement aux acteurs mais surtout à la réalisation de Philip Seymour Hoffman. Un nouvel auteur est né!

Gilles Hérail

Jack goes boating (rendez-vous l’été prochain), comédie romantique américaine réalisée par Philip Seymour Hoffman,  avec Amy Ryan, John Ortiz, Daphne Rubin Vega, sortie le 29 décembre 2010, 1h30