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Le petit écrivain caché sous le publicitaire

12 January 2011 | PAR Yaël Hirsch

Dans son premier Roman, Grégoire Delacourt dépeint une vocation d’écrivain, encouragée par une famille aussi désespérée que pleine de bonne volonté. Un récit fragile, entre humour et désespoir, qui retrace toute l’ambiance des années 1970 et 1980 dans le Nord de la France.  Sortie le 12 janvier chez JC Lattès.

Un très jeune garçon écrit un poème à ses parents à 7 ans. Ses rimes plaisent à sa famille qui voit chez lui une vocation d’écrivain. Mais les résultats scolaires ne suivent pas et l’enfant est envoyé dans une pension religieuse où il souffre. Entretemps, sa famille se délite : le père est rongé par une dépression qu’il traîne depuis la guerre d’Algérie, la mère cherche désespérément à vivre et devient “l’amante”, et le frère est un ange qui déploie ses ailes et doit être placé dans un institut spécialisé. Ayant passé son bac de justesse, le jeune-homme commence des études de comptable et rencontre Monique qui l’encourage à écrire. Mais le premier roman n’est pas publié et la Bohême est si difficile qu’il faut se replier sur une carrière de publicitaire, où les rimes font de l’argent…

Sensible, drôle et touchant, “L’écrivain de la famille” dresse le portrait d’une famille persécutée par la destinée. A travers elle, c’est toute la France des années 1970 et 1980 qui apparaît en filigrane. Un zeste de Mauriac dans la qualité de description des atmosphères, beaucoup de distance, des références pop et une écriture limpide font de ce livre une mine d’émotions et aussi d’informations. Un très beau premier roman.

Grégoire Delacourt, “L’écrivain de la famille”, JC Lattès, 250 p., 17 euros. Sortie le 12 janvier 2011. Site de présentation du livre, ici.

Nous entendîmes Si tu vas à Rio avant de le voir. Dès qu’il nous vit, ses ailes s’ouvrirent ; il sembla voler jusqu’à nous. C’était l’hiver. Dans le jardin la terre était chauve; d’autres enfants immobiles grelottaient malgré les couvertures posées sur leurs épaules. On aurait dit de minuscules bonshommes de neige. Notre frère essaya de nous prendre tous les trois dans ses bras, il riait et chantait et ma mère pleura. Elle s’agenouilla, prit son cadet dans les bras, murmura mon bébé, mon bébé, mon tout petit. La plume des doigts du géant vint cueillir une larme sur sa joue, la porta à sa bouche, l’avala. Claire chuchota.

– Il met maman dans son cœur.” p. 69.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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