Cinema

Interview de Mika Kaurismäki cinéaste de Divorce à la finlandaise

16 October 2010 | PAR Coline Crance

La comédie « Divorce à la finlandaise » de Mika Kaurismäki sort sur les écrans le 20 octobre 2010. Cette comédie burlesque à l’humour noir très prononcé  entraîne le spectateur dans les tribulations d’un couple en proie aux affres de leur divorce. Toutelaculture.com est donc allé rencontrer Mika Kaurismäki et l’auteur du livre dont est tiré le film Petri Karra, qui se sont livrés très volontiers et très généreusement au jeu des questions réponses…

Pourquoi avoir choisi de faire une comédie sur le divorce ? Comment l’idée vous est-elle venue ?

Cela faisait vingt ans que je n’avais plus fait de film en finnois et j’avais aussi envie de faire une comédie. Il s’est avéré que le livre de Petri Karra dont le film est le titre éponyme, m’a tout de suite plu. Je trouve que le divorce est paradoxalement un très bon sujet pour faire une comédie. C’est un sujet certes sérieux et souvent dramatique mais en même temps, c’est un thème qui est universel donc qui parle à tout le monde. De plus j’ai aussi eu une expérience personnelle du divorce, c’est un sujet que je connais bien. (rires) J’aimais par ailleurs la dynamique comique qui émanait du livre. Il y a une véritable montée en puissance. On se demande jusqu’où iront les personnages.

Vous inspirez- vous dans ce film qui frise parfois avec le burlesque, de faits réels ? Avez-vous le sentiment de porter un vrai regard sur la Finlande d’aujourd’hui?

Oui , je pense. Tout est vrai dans ce film même la mafia estonienne. Je pose un regard à la fois sur mon pays et sur la relation de couple en général. La peur de la paternité est ici le sujet sous-jacent de mon film. Je pense que le divorce était paradoxalement la meilleure façon pour moi d’aborder le thème de la paternité. Ce couple n’a pas d’enfant , c’est cette absence d’enfant qui les désunit. Cela se règle peut-être à la fin quand ils courent dans le champ de blé symbole de la fertilité … Le côté excessif de ces personnages est aussi très « finlandais ». Ils boivent beaucoup etc . La boisson n’est pas vraiment un problème pour les finlandais, s’il y a un problème on le règle toujours par la boisson. Et ce trait culturel accentue le côté farce du film…

Faut-il rire ou pleurer ?

C’est vrai que ce film est centré sur l’humour noir. J’ai joué sur le mélange des genres. Je pense oui, que l’on peut parler d’une comédie anti-romantique. La fin n’est pas vraiment un happy-end, c’est une fin ouverte. Et pourtant, la fin du roman est beaucoup plus violente. Moi j’ai pris le parti de laisser le spectateur décider. Après même moi , je ne sais pas si c’est une fin heureuse .. Ils ne divorcent pas et c’est peut-être là, le drame ( rires). Il y a peut-être un côté un peu pervers dans cette fausse happy-end .. On joue avec les codes et les clichés pour mieux les détourner.. Je pense que c’est aussi en raison de cette liberté que confère la comédie que j’affectionne particulièrement ce genre.

Est-ce les enfants pour vous qui amènent un amour durable dans le couple ?

Pour moi le mariage est lié aux enfants sinon cela ne sert à rien de se marier. Les enfants renforcent le mariage. Mes héros ne sont pas prêts à être parents. Ils vivent de façon très égoïste . Ils pensent avant tout à leur carrière. Le bébé ramène le couple à des préoccupations assez simples. Les couples portent sur leur enfant un amour durable. Même si il est vrai que les enfants sont aussi de grandes perturbations économiques. Ils imposent des choix. Mais de toute manière mes héros sont trop égoïstes , trop centrés sur eux-mêmes pour pouvoir avoir des enfants.

Dans ce film vous jouez néanmoins sur les valeurs traditionnelles : le couple, les enfants , le mariage… ?

Oui je les détourne. Mes héros ne sont focalisés que sur les valeurs matérielles. Je pense que j’ai voulu délibérément pousser cette tendance à son paroxysme. Peut-être parce que je vivais à ce moment l’angoisse d’être à nouveau père… Puis la comédie a cette grande qualité, celle d’offrir au romancier ou au cinéaste la liberté de pouvoir jouer et rire de tout.

Quelles ont été vos influences ? Comment se définit la mécanique comique du film ? (question posée à Petri Karra et Mika Kaurismäki.)

Le film et le roman s’ancrent dans une tradition rabelaisienne du carnaval et du burlesque. Dans mon roman je me suis beaucoup inspiré de Rabelais mais aussi de Mikhaïl Bakhtine. J’ai voulu donné à mon roman ce caractère subversif pour qu’il soit un tourbillon qui renverse les situations et les préjugés. Dans ce film on ne sait pas trop finalement sur quel pied danser. Il y a un côté très sombre malgré le caractère grotesque et outrancier de ces personnages. Ce sont des enfants. Ils nous amusent et ils sont engoncés dans leur propre pathétisme. Et je pense que ce qui est intéressant dans le genre de la comédie c’est son côté très cru, très corporel avec lequel on peut jouer pour mieux dénoncer un malaise beaucoup plus profond et beaucoup plus intime qui est présent en chacun de nous : la peur d’être parents , du mariage , l’égoïsme , l’impossibilité de communiquer…etc

 
Divorce à la finlandaise Bande-annonce 1
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