Cinema

Critique de Scott Pilgrim : drôle, touchant, le film est aussi réussi que la BD !

07 October 2010 | PAR Olivia Leboyer

Après “Hot Fuzz” et “Shaun of the Dead”, Edgar Wright s’attaque à l’univers de la BD, en adaptant Scott Pilgrim (la série de Bryan Lee O’Malley). Pari plus que réussi : le film est drôle, hyper cool, l’histoire d’amour jolie et tendre. Michael Cera est irrésistible ! Sortie le 1er décembre.

Quand on tombe amoureux, on ne sait pas où l’on met les pieds. Scott Pilgrim, charmant anti-héros (Michael Cera, comme toujours, très très bien !), va en faire l’expérience. Le cœur brisé par une Nathalie devenue une chanteuse connue et rebaptisée Envy, Scott finit par sortir avec Knives Chau, une lycéenne, souriante et chinoise. Un début d’histoire charmant et apaisant (ils se sont tenus une fois la main et font des parties de jeux vidéos). Mais voilà, soudain, il rencontre Ramona Flowers, une fille sublime, tout droit sortie de ses rêves. Pour sortir avec elle, il lui faudra affronter et vaincre ses sept ex maléfiques !
L’idée est jolie : Comment combattre un passé amoureux ? Est-ce si encombrant ? Ces ex prennent -t’ils d’ailleurs plus de place dans la tête de Ramona ou dans celle de Scott ?
Ils sont sept, comme dans les contes de fées, très dissemblables (il y a vraiment de tout !) et plutôt bizarres. Seul point commun entre eux : ils sont impressionnants ! Overlookés, bodybuildés, brushés ou bien célèbres, ils apparaissent comme de véritables épouvantails aux yeux de Scott. Lui, en revanche, n’a rien de très remarquable (allure ado, hyper naturel, pas vraiment de travail, vaguement musicien dans un groupe très moyen, dont le bassiste remplaçant s’appelle Young Neil !!), à part un charme singulier et, finalement, très ravageur.
Les batailles sont filmées dans le style des jeux vidéos ( la série Scott Pilgrim a aussi été adaptée en jeu vidéo). Edgar Wright réussit un bel équilibre entre le graphisme de la BD (paroles ou onomatopées en surimpression), chronique adolescente moderne (les acteurs sont tous épatants de naturel) et monde virtuel (les points gagnés ou perdus s’affichent comme dans un jeu). On est dans l’univers du fantasme amoureux, justement, où les choses apparaissent toujours déformées, brouillées. Les ex y sont forcément monstrueux, terrifiants, les filles des déesses inaccessibles, l’ego complètement en berne. « Comment as-tu pu tomber amoureuse d’un type comme ça ? » demande Scott à Ramona, qui répond négligemment « Oh, il a fait un cratère dans la lune pour moi… ». Mais, heureusement, la jalousie et l’amour-propre donnent à Scott les moyens d’affronter ses peurs et de lutter contre les ex maléfiques, sachant que l’un d’entre eux est plus redoutable que les autres…
Rythmée, amusante, moderne, cette fable amoureuse est également très fine et sensible. Vers la fin du film, dans le brouhaha d’une salle de concert, on entend un type dire à un autre : « Oui, la BD est mieux que le film ! ». Mais ici, non, le film est aussi bien que la BD !
Michael Cera, obsédé par sa coupe de cheveux ratée, porte presque constamment une grande casquette à oreilles qui le fait encore plus ressembler à un Holden Caulfield du XXIe siècle ! Démunis, apeurés devant le grand amour, les personnages ne peuvent se réfugier à chaque fois derrière des peurs fantômes ou des défis bravaches. Vient un moment où il faut aussi savoir vivre une histoire simple… et ce n’est pas la moindre des aventures !

Scott Pilgrim vs the world“, de Edgar Wright, avec Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Kieran Culkin, Chris Evans, Aubrey Plaza, Jason Schwartzman (USA, 1h52). Sortie le 1er décembre 2010.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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