Cinema
La Mujer Sin Piano : échappée nocturne de l’épouse

La Mujer Sin Piano : échappée nocturne de l’épouse

29 June 2011 | PAR Yaël Hirsch

Après le succès de son premier long métrage,  “Ce que je sais de Lola”, Javier Rebollo retrouve pour son deuxième film l’actrice Carmen Machi, à qui il confie le rôle d’une femme victime d’acouphène et qui tente de s’enfuir de son foyer pour échapper à un ennui mortel. Un film qui se déroule selon les sons qui résonnent dans les rues d’un Madrid dont les couleurs font penser à un village finnois chez Kaurismäcki, plutôt  qu’à la capitale ensoleillée de la Movida. Surréaliste, drôle et troublant “La Mujer Sin Piano” a reçu la violette d’or du festival Cinespana en 2010.. Sortie le 13 juillet.

Rosa est à la fois femme au foyer et esthéticienne chez elle. Son mari est chauffeur de taxi et le couple a atteint un âge relativement avancé. Rosa souffre d’acouphène et la seule solution que lui ont donné les médecins est d’écouter fort la radio et la télé. Un jour, elle décide soudainement de retirer le tableau qui est accroché au mur au-dessus du lit matrimonial et de la cacher derrière l’armoire. La nuit, alors que son mari ronfle et que Rosa ne peut dormir à cause du bruit dans son oreille, elle met une perruque noire, des talons, se maquille, empoigne sa valise et prend le premier bus pour la gare routière Sud de Madrid. Là, elle doit attendre 7 heures du matin pour prendre le premier train. Mais l’aventure commence dès la gare quand elle tombe sur un jeune homme polonais qui aime réparer les objets et retourne à Katowice. De calvados en calvados, et d’asile nocturne en attente de rue, une amitié naît entre les deux

Dans une ambiance surréaliste, créée par les bruissements d’un Madrid nocturne, le cliquetis des talons de Carmen Machi et  la musique joliment victorieuse, l’héroïne évolue tout au long de la nuit, paradoxalement à la fois hiératique et super-active. Les images glacées et froides ainsi que le style rétro et néo-objectif des personnages font presque oublier qu’on est à Madrid, pour nous plonger dans un univers plus scandinave, où les serveurs sont laconiques, les représentants des forces de l’ordre rappellent inlassablement qu’il est interdit de fumer. Délicieusement absurde, à l’image de son titre, la mise en scène sait faire disparaître à certains moments clés pour conserver le mystère drolatique de cette femme au foyer banale qu’est Rosa : le fameux moment où la femme retrouve son piano demeure hors-champ! Suggérant beaucoup sans vraiment rien affirmer, et porté par des dialogues irrésistibles et deux comédiens formidables (Jan Budar a la justesse et la grandeur des plus grands mimes), “La mujer sin piano” ravira tous ceux, qui, patients, savent rires des farces toujours enfantines qui peuplent les univers surréalistes et décalés.

La Mujer Sin Piano, de Javier Rebollo, avec Carmen Machi, Jan Budar, Pep Ricart, Cruz Lopez-Corton, Espagne, 2009, 95 min, sortie le 13 juillet 2011.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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