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Critique Happy Few, l’amour à quatre…

Critique Happy Few, l’amour à quatre…

15 September 2010 | PAR Gilles Herail

Après Douches froides, Antony Cordier livre un film maitrisé qui réserve quelques moments de grâce dans un ensemble trop anecdotique. Porté par un quatuor d’acteurs reconnus (Marina Fois, Nicolas Duvauchelle, Roschdy Zem et Elodie Bouchez), Happy Few a été (dé)servi par une campagne promotionnelle un brin racoleuse. Un slogan, « aimez qui vous voulez », et une bande annonce réservant son lot de scènes dénudées semblaient annoncer une ode convenue au libertinage, vue et revue dans le cinéma d’auteur français.

Happy Few est en cela plutôt une bonne surprise car Antony Cordier emmène son film vers un cinéma plus sensuel et sensoriel que faussement psychologique. Avec une caméra au plus près des acteurs, il filme le banal, le quotidien, et la tournure improbable que prend la rencontre entre deux couples qui vont  se partager, sans règle aucune. Un peu facile dans l’accumulation parfois inutile des scènes de sexe, Cordier est bien meilleur lorsqu’il tente de capter les sensations, les bruits, les odeurs, traduites par des images souvent poétiques.

Délaissant l’entourage des personnages principaux, le réalisateur prend le parti  de se focaliser quasi uniquement sur la relation à quatre et la fusion progressive de deux vies de couples bien établies.  L’approche se révèle donc assez originale car le sujet n’est ni le regard des autres ni les jalousies internes mais bien l’éveil apporté par l’arrivée de ce changement.

C’est donc l’intérêt majeur du film mais aussi sa principale faiblesse. Antony Cordier filme bien, dirige bien mais ne raconte finalement pas grand-chose. L’émotion est présente notamment grâce au talent d’une Marina Fois qui sublime une fois de plus un personnage assez peu fouillé. Mais on a du mal à se passionner pour ces libertinages pavillonnaires, mieux traités que d’habitude, mais qui manquent cruellement d’enjeux dramatiques suffisants.

Happy few confirme les talents de son réalisateur qui installe sa petite musique personnelle sans arriver à transcender une trame de départ trop légère. On attend donc le prochain en espérant un sujet plus ambitieux.

Gilles Hérail

Festival du cinéma allemand 2010
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Gilles Herail

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