Cinema

Night and day, testostérone et esprit cool

31 July 2010 | PAR Olivia Leboyer

Dans les comédies romantiques, l’exigence de rythme, de piment, conduit souvent les acteurs à jouer de manière un peu systématique, voire légèrement hystérique. Les filles y parlent presque toujours trop fort, tandis que les hommes ressemblent à des ours soudain bousculés dans leur routine. Ici, le genre trouve un nouveau souffle, très rafraîchissant.

Dans un aéroport, June (Cameron Diaz), belle provinciale qui aime secrètement l’aventure et les grosses voitures, percute par deux fois un bel inconnu (Tom Cruise, égal à lui-même, impeccable et faussement lisse). Entre eux, le feeling est immédiat. Mais, plus encore que les rituels échanges de blagues, ce sont les regards qui montrent, entre Cameron Diaz et Tom Cruise, une alchimie aussi surprenante qu’évidente. Depuis The Mask, Le mariage de mon meilleur ami ou Mary à tout prix, on sait Cameron Diaz irrésistiblement drôle. Or, Tom Cruise l’est aussi (au moins depuis Eyes wide shut de Kubrick). Significativement, tous deux ont tourné avec Ben Stiller, sans doute le comique américain le plus extraordinaire aujourd’hui (Cameron Diaz dans “Mary à tout prix” des frères Farrelly, et Tom Cruise dans le récent “Tonnerre sous les Tropiques” de Ben Stiller). Sourire éclatant, la mèche au vent, Tom Cruise a cependant au fond des yeux une vraie lueur de folie, qui le ferait presque, par instants, ressembler à Ben Stiller (c’est un compliment).

Agent secret, Roy Miller doit mettre à l’abri des convoitises une pile révolutionnaire, qui ne se décharge jamais. Mais la véritable pile, ici, c’est bien Tom Cruise, superhéros à l’énergie inépuisable. Cameron Diaz est d’abord fascinée, avant de passer par toutes sortes d’émotions contradictoires, de la terreur brute à l’admiration, pour se rendre compte qu’elle est, en définitive, tout simplement folle amoureuse d’un homme comme on n’en rencontre jamais dans la vraie vie. Or, comme lui glisse Roy, dire d’une chose qu’on la fera « un jour » veut dire qu’on ne la fera « jamais »… L’agent Miller s’exprime par phrases sibyllines, assez ridicules, sans se départir de son sourire béat. Du coup, June se met elle aussi à sourire béatement, et pousse le mimétisme jusqu’à entrer de son plein gré dans cette course-poursuite abracadabrante et meurtrière. N’a-t-elle pas toujours aimé les jeux de garçons et les grosses cylindrées ? Avant de tomber littéralement sur l’homme de sa vie, le héros parfait, n’a-t-elle pas été fiancée à un gentil pompier ? Un des charmes du film tient à l’évolution de June, qui devient naturellement le disciple de Roy, jusqu’à faire basculer, de temps à autre, les codes du masculin et du féminin. Garçon manqué, la superbe Cameron Diaz suit le surhomme Tom Cruise comme une sorte de guide, s’efforçant sans cesse de se mettre à sa hauteur, voire de le dépasser. Cette vitalité plaît énormément à Roy, qui a trouvé son alter ego. Par amour, Cameron Diaz accepte toutes les invraisemblances, tous les mensonges, absorbe tous les breuvages (la scène du sérum de vérité est très drôle).

James Mangold réussit à enchaîner scène d’action sur scène d’action tout en donnant l’impression que le film avance à un rythme essentiellement cool. Tom Cruise tue les méchants avec une décontraction de barman confectionnant un cocktail sur la plage. Décontraction, soleil, amour, l’esprit des Beach Boys n’est pas loin. De manière amusante, Roy Miller n’est que son pseudonyme, son vrai nom étant Knight (le jeu de mots Knight and day, dans le titre original, est escamoté en France). Comme pour dire que la réalité peut être mille fois plus romanesque que la fiction, et que le coup de foudre existe. En résumé, un film dont l’optimisme à toute épreuve et la nonchalance sont très réjouissants.


NIGHT AND DAY : BANDE-ANNONCE HD VOST (3 minutes)
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“Night and day” de James Mangold, avec Tom Cruise, Cameron Diaz, Peter Saarsgaard, USA, 01h40, sortie le 28 juillet 2010.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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