Tendances

De Pigalle à Blanche, un quartier en pleine mutation

14 June 2010 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Par  Amélie Blaustein-Niddam et Géraldine Pioud

La rédaction a eu l’idée de vous emmener en balade pendant tout l’été. L’idée, choisir des lieux charismatiques de Paris et les confronter à leurs identités culturelles et à leurs évolutions. La balade de la semaine nous a emmenées de Pigalle à Blanche, voyage surprenant dans un quartier où la peur de l’insécurité se lit chez les vendeurs de sexe.

Premier arrêt Aux Noctambules, un café. Le lieu est mythique, même nom depuis 100 ans, des stars en pagaille qui y boivent des verres, une clientèle d’habitués le soir à laquelle se mêlent les touristes la journée. Le soir, le bar prend des allures de salle de concert en laissant la place à Pierre Carré depuis les années 70’s.

Il n’y a pas que du cul à Pigalle mais aussi de la culture, le Théâtre de Dix Heures offre une programmation grand public, accès sur le vaudeville et les one man show. Place au rire donc!

Nous tentons de parler à une prostituée, qui nous envoie balader mais un rabatteur n’est pas loin, il est devant un autre café essentiel de la rue, L’époque, ouvert jour et nuit, les rois et reines du karaoké pourront s’y montrer. Notre rabatteur travaille au Madisson, ” un bar à filles” comme il dit, attention, ne confondez pas avec un cabaret, ici , les “filles” ne dansent pas. Le rabatteur se plaint, depuis l’Euro et les travaux sur le terre-plein central, de l’insécurité qui est en hausse et du pouvoir d’achat en baisse. La  ” banlieue”, nous dit-il, vient embêter les touristes.

Nous avançons, en faisant un détour par l’un des sublimes passages de la rue, la “Cité du midi“, entièrement arborée, et qui abrite d’anciens bains publics. Pigalle, et Montmartre en général, regorgent de petites ruelles comme celle-ci. À l’intérieur un havre de paix, repos des artistes, des familles, … Des lieux qui ne se voient pas des grands axes, ils sont cachés, protégés comme des trésors : pour les découvrir il faut jeter des regards et être un peu audacieux. Le charme se mérite!

Mais ne nous détournons pas!

La grande mutation du quartier  réside dans l’apparition de lieux “clean” comme le dira la vendeuse du magasin Secret. Grandes baies vitrées, musique sympa, jolie lingerie au rez de chaussée et les jouets bien packagés à l’étage. Le patron des lieux accepte de nous parler. Lui aussi se plaint de l’insécurité et regrette que la police ne soit pas plus présente. Il souhaite démocratiser l’accès à la boutique, et ça marche, les clients sont nombreux et de tous les âges.  Il défend l’image d’un Pigalle qui n’est plus glauque. Le magasin est collé au Trois baudets, lieu bobo qu’il déteste et dont il ne voit pas l’utilité.

Les trois baudets vient d’ouvrir, et tout le monde n’est pas de l’avis du propriétaire de Secret. Cet établissement de la ville de Paris fait la part belle aux mots. La musique française d’abord, avec nombre de concerts, par exemple en juin a lieu le festival d’écriture “Paris en toute lettre”. On peut également y manger avant et après les spectacles.

Passage obligé par Le chat noir, qui fut un célèbre cabaret de Montmartre, fondé en novembre 1881 par Rodolphe Salis. Au départ boulevard de Rochechouart, Le Chat noir (qui doit son nom à un chat noir perdu sur le trottoir que Salis trouva pendant les travaux) est un des lieux de rencontre du Tout-Paris à la fin du XIXe siècle. On pouvait y voir des peintres, des poètes, des chansonniers, … ce qui attira une population plutôt bourgeoise. Par la suite Salis fit installer un piano : une première dans un cabaret! Grâce à ce succès, Salis décida de transférer son établissement dans un endroit plus grand, sur trois étages, près de la rue Victor Massé : des salles aux décors reprenant des événements historiques, des théâtres d’ombres, etc; : Le Chat noir est en train de devenir un mythe. Le cabaret déménage une nouvelle fois pour se retrouver à son adresse actuelle, au 68 boulevard de Clichy.

Toujours sur les conseils du patron de Secret, nous finissons la visite au Musée de l’érotisme, nous y sommes très bien accueuillies, par  son conservateur, Alain Plumey, qui nous laisse visiter. Le musée est sur 5 étages.  Au cinquième sont exposées des photos de la contorsionniste Zlata, nous descendons à la rencontre des oeuvres trompe l’oeil D’Ennebee, attention, il va troubler votre perception! Beau travail également, de dessins et gravures très sexy, d’Eric Provoost, également à découvrir les bois gravés et sculptés de Carlos Penafiel. Du côté de l’exposition permanente, vous plongerez dans le Paris des maisons closes et des objets aux origines plurielles.

Ainsi s’achève ce premier focus parisien. Si Pigalle reste le quartier cul de Paris,  il a su jouer de la mode des sextoys pour démocratiser sa clientèle. Ne soyons pas naïfs, les Hammams et autres bars à filles restent des lieux pour “habitués” qui posent la question de la place de la prostitution et du proxénetisme dans la société.

Aux Noctambules, 24, boulevard de Clichy, 75018 Paris, 01 46 06 16 38

Le théâtre de Dix Heures, 36, boulevard de Clichy, 75018 Paris,  01 46 06 10 17

Le Madisson, rue Germain Pillon, 75018 Paris

L’époque, 38 Boulevard Clichy, 75018 Paris, 01 42 52 36 00

Secret, 62, boulevard de Clichy, 75018 Paris

Les trois baudets, 64 bd de Clichy,75018 Paris, 01 42 62 33 33

Le chat noir, 68 Boulevard de Clichy, 75018 Paris, 09 71 55 10 65

Le musée de l’érotisme, 72 Boulevard de Clichy,75018 Paris, 01 42 58 28 73, ouvert de 10h à 2h. 9 euros.

Tous nos remerciements à Momo, à toute l’équipe de la boutique Secret,  Alain Plumey  et à tous ceux qui ont eu la gentillesse de nous accorder un peu de leur temps!

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

6 thoughts on “De Pigalle à Blanche, un quartier en pleine mutation”

Commentaire(s)

  • bouazzaoui

    bonjour, je voudrait travailler en tant que danseuse de cabaret débutante mais je ne sais pas ou il faut postuler.
    Je vous remercie de m’aider.
    Veuillez agréer Madame,Monsieur, mes saltations distinguées.

    June 20, 2010 at 11 h 42 min
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    @Bouzzaoui: l’enquête brêve menée dans ce quartier m’interdit de vous donner tout conseil car beaucoup de lieux sont des nids à prostitution.

    June 20, 2010 at 19 h 48 min
  • Marie

    effectivement une enquête brève! beaucoup de préjugés, pas de vision indépendante et bien loin de la réalité de ce quartier… dommage

    September 14, 2010 at 19 h 47 min
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    @Marie.
    Nous avons cherché à enquêter une journée entière sur un tronçon tout à fait réduit allant de Pigalle à Blanche, uniquement sur le trottoir de droite. Nous avons cherché à comprendre comment cet empire du sexe se vivait aujourd’hui confronté à la mixité culturelle ( 3 baudets, Chat noir) . Notre enquête démontre la mise en place d’un reseau de prostitution qui cache son nom sous couvert de magasins aux jolies façades.

    Nous étendrons ce type d’article à d’autres , non pas quartier, mais rue ou tronçons à l’histoire interressante. ( rue de Lappe, rue de la Roquette, Rue des Rosiers…)

    September 14, 2010 at 23 h 37 min

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