Danse

Carolyn Carlson ou la danse de la poésie

08 June 2010 | PAR Alienor de Foucaud

Dans le cadre du Festival June Events, que Carolyn Carlson dirige, la chorégraphe présentait hier soir, Spiritual Journey, au Théâtre du Soleil. Un « Poetry Event », unique où l’improvisation et le mélange des arts sont de rigueur. S’associant avec le poète chilien Alejandro Jodorowsky et l’artiste Pascale Montandon, pour réaliser cette œuvre originale et poétique, Carolyn Carlson livre un moment de plénitude et de grâce porté par un souffle nouveau.

Au terme « chorégraphie », Carolyn Carlson préfère celui de « poésie visuelle » pour désigner son travail. Elle développe depuis de nombreuses années une forme particulière, à la croisée de ses expériences, les Events. Dans un cadre d’improvisation, la danse se mêle à d’autres disciplines artistiques pour donner naissance à des instantanés portés par son imaginaire. Conçu et vécu en fonction du lieu et des artistes qui y participent, chaque Poetry Event est un évènement unique.

Les danseurs se meuvent tels des cygnes majestueux, avec élégance et suavité, les gestes sont déployés, suspendus, retenus, avec lenteur et délicatesse, comme si un souffle les portait. La chorégraphe joue sur le balancier du corps et le poids dans un schéma de projection et retenue. Un violoncelle et une guitare électrique donnent le tempo, et les tableaux mobiles de Pascale Montandon viennent parfaire cet art total.

Sous la diction d’Alejandro Jodorowsky, les artistes dansent la poésie du maître chilien, dans des gestes respirés, ils s’élèvent vers un au-delà et se hissent vers une acmé de plénitude et de sagesse. « Respire ton être intérieur » déclame le poète, « va vers le haut » ; la poésie et la danse s’allient et ne font plus qu’un. L’âme des danseurs guide leur esprit et leur gestuelle toute entière, un dialogue tacite se crée entre leur inconscient et leur corps.

“Dire l’indicible”. La poésie permet d’apporter ce souffle nouveau qui parvient à sublimer le langage pour combler une parole insuffisante et trop pauvre pour dire ce qui ne peut être dit avec des mots : la danse. Par le lyrisme de la poésie, la danse se dit, et par la grâce de la gestuelle, la poésie se danse.

Un nouvel espace se créé, celui du rêve. Là où la découverte de l’autre est une découverte de soi-même. Là où la plénitude et le calme règnent en maîtres incontestés, la poésie devient expression du silence et la chorégraphe est guidée par une inspiration divine qui porte sa danse dans un non-lieu poétique où l’anecdotique fait place au typique.

Spiritual Journey, Carolyn Carlson, dans le cadre du Festival June Events, jusqu’au 13 Juin, un évènement de l’atelier de Paris-Carolyn Carlson, à la Cartoucherie, Route Champ de Manœuvre, 75012, Métro Château de Vincennes (ligne 1)

www.junevents.com

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3 thoughts on “Carolyn Carlson ou la danse de la poésie”

Commentaire(s)

  • Zoe

    Pour les amoureux de la danse mais aussi pour les curieux, je vous conseille de vous intéresser a un documentaire/film avec Pina Bausch.
    “LES REVES DANSANTS”. Il sort en Octobre mais est deja programmé dans une poignée de salles tellement il a plu.
    la bande annonce: http://www.touscoprod.com/pages/projet/fiche.php?s_id=5157&s_wbg_menu=4

    July 2, 2010 at 8 h 55 min
  • Edith Piotrowski

    Au plus intime du corps, naît la danse.
    Surgissement de la musique au tréfonds de l’humain.
    Geste antérieur qui répond à l’oreille…
    Les mains, les pieds, les doigt, frappent
    tapent… en cadence.
    Oscillement des corps
    Colliers qui bruissent
    Tambouras et tûpans
    Energie et mouvement…

    Puis viennent les regards, les mains tendues,
    L’accord d’un couple qui s’élance
    L’ajustement des corps : ni trop près, ni trop loin..
    Plaisir, harmonie, séduction, équilibre… élégance.
    Puis l’envol :
    Pas glissés, chuchotés :
    Un deux trois, un deux trois
    On avance
    Un deux trois, un deux trois,
    En cadence
    Un deux trois, un deux trois,
    C’est la danse
    Un deux trois, un deux trois,
    Qui balance
    Caracole
    Et s’envole
    Et s’envole, s’envole, s’envole…..

    May 27, 2011 at 18 h 40 min

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