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Bettina Laville nous parle de l’édition 2019 du Festival “Nouvelles explorations” de Royan

Bettina Laville nous parle de l’édition 2019 du Festival “Nouvelles explorations” de Royan

21 October 2019 | PAR Yaël Hirsch

Alors que la 4e édition du Festival Nouvelles Explorations vient de se terminer ce 20 octobre à Royan et Saint-Georges de Didonne, Conseiller d’Etat, docteure en lettres, lauréate de Sciences Po et ancienne élève de l’ENA, Bettina Laville, Fondatrice, Deleguée générale du Festival répond à nos questions.

Conseillère d’Etat, docteure en lettres et énarque, Bettina Laville est Présidente et fondatrice du Comité 21, directrice de rédaction de la Revue transdisciplinaire Vraiment Durable et membre de la section française du Club de Rome. Ouvert à tous, le Festival Nouvelles Explorations permet depuis 2016 de partager les points de vue sur les découvertes qui fondent un nouveau monde. De grandes personnalités de la recherche, de la philosophie et de l’aventure présentent les défis que le XXIème siècle nous promet. Face au grand large, les visiteurs et intervenants prennent le temps de dialoguer et de réfléchir aux enjeux de demain. Cette année, c’est le marcheur qui était l’explorateur de sentiers inconnus et c’est Franky Zapata qui était l’invité de l’ouverture …

1. Quand vous pensez à un grand explorateur ou une grande exploratrice en 2020, qui vous vient en premier à l’esprit?
Assez classiquement c’est pour moi Christophe Colomb. Parce qu’il a été d’ une opiniâtreté extraordinaire et parce que la puissance poétique de la découverte du continent américain au lieu de la Chine est immense. Et aussi à cause de la phrase qu’on lui prête : « On ne va jamais aussi loin que lorsqu’on ne sait pas où on va ».

2 Certains territoires comme Mars ou la route de la soie semblent rester des territoires d’explorations malgré les nombreuses conquêtes et missions. Pourquoi?
Ce sont des explorations d’essence différente. Mars reste à découvrir car cette planète a des analogies avec notre Terre et la connaître permet de comprendre en particulier comment l’eau peut disparaître…ce qui, espérons le n’ arrivera pas sur terre malgré les menaces du changement climatique. Les routes de la soie, c’est une entreprise géopolitique d’expansion économique. C’est une exploration à cause du mystère de son futur, soit le symbole du basculement du monde, soit l’annonce de grandes difficultés dans les territoires traversés.

3. L’idée de développement durable est-elle plus qu’une exploration aujourd’hui?
Le développement durable reste une exploration, même si le concept a maintenant plus de 30 ans. D’abord parce que son avènement est loin d’être terminé et que l’équilibre entre le développement et la protection de l’environnement reste à réaliser. Parce que l’aventure des générations futures, dont la protection est au cœur du développement durable est une inconnue, mais se met en place avec les générations présentes qui marchent pour le climat.

4. En quoi l’art, la culture, le spectacle, peuvent-ils participer à ces nouvelles explorations d’aujourd’hui?
Il n’ y a pas d’exploration sans culture. Reprenons l’exemple de Colomb : il avait fréquenté l’Université. Le projet exploratoire est toujours stimulé par l’imagination, elle même stimulée par la lecture, le rêve. L’exploration est toujours le fruit d’un projet utopique et l’utopie a toujours des racines culturelles. C’est pourquoi ce festival n’est pas une rencontre de culture scientifique, mais de science et de culture.

5. Cette année, vous appelez à réfléchir à la figure du marcheur, toujours d’actualité au temps de l’accélération ultime qu’est notre temps?
Le marcheur est une figure littéraire autant que d’exploration. La marche est un engagement du corps et de l’esprit, comme en témoignent de très nombreuses œuvres, évidemment les rêveries du promeneur solitaire, ou les œuvres de Thoreau. François Garde avec son livre “marcher à Kerguelen” a bien traduit ce double engagement, son chemin de Compostelle. Justement parce que l’ accélération actuelle peut déconstruire l’individu, la marche le rend à son identité spirituelle. Et aujourd’hui les marcheurs pour le climat manifestent pour le droit de vivre sur terre…

6. Proche de l’Atlantique, marqué par une histoire forte, en quoi le territoire du festival joue-t-il un rôle dans les réflexions du Festival?
L’ancrage dans le territoire est évident. La Charente maritime a vu partir des explorateurs de ses côtes : Du Gua de Mons, Champlain, et c’est cette tradition que nous voulons faire revivre. Par ailleurs, La Rochelle est une ville d’innovation, comme Rochefort, et comme Royan dont l’architecture d’après guerre est un phare dans l’histoire contemporaine. Nous devons renforcer ce lien dans les prochains festivals.

Copyright : Bettina Laville / Franky Zapata photographie bydimworks / association Explorer / 2019

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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