Théâtre

Ô Carmen au Théâtre du Rond Point, un opéra comique de génie

17 March 2010 | PAR Yaël Hirsch

Toutes les voix de l'”Opéra clownesque” qui se donne jusqu’au 3 avril au Théâtre du Rond-Point sont interprétées par le génial Olivier Martin-Salvan. Accompagné au piano par Aurélien Richard. Tout y est : jeu de mime, de clown, qualité musicale, l’opéra, les coulisses de l’opéra, et le rêve de recréer à deux sur scène le plus célébre opéra du répertoire français. Ah on allait oublier l’ingrédient principal : le public passe 1h20 à hurler de rire. A voir absolument, quitte à partir du bureau plus tôt pour être au Rond-Point à 18h30.

Olivier Martin-Salvan, Anne Reulet-Simon et Nicolas Vial ont décidé de plonger en apnée dans les rouages d’un opéra donné dans une ville française dont on n’arrivera jamais à entendre le nom. Et cet opéra, n’est pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit DU Carmen de Bizet. En suivant le long chemin de croix de la doublure de Don José, “Ô Carmen” rend compte des efforts et des travers (sur scène et à la maison) de toute l’équipe : les solistes bien sûr, mais aussi le chef d’orchestre qui marmonne en anglais, le metteur en scène hispanique qui a la brillante idée de transposer Carmen dans une fête foraine (du coup l’usine de cigares se transforme en usine de barbe à papa, c’est plus politiquement correct sauf quand il faut remplacer les cigarières du livret  de Meilhac et Halévy par des “barbapapères”), la secrétaire de l’opéra, le costumier qui parle en franglais sous sa frange, et bien sûr les critiques qui grincent à l’émission de Evi Ruggiera après la générale. Finalement, il ne manque que le public, mais celui-ci semble trop occupé à se tordre de rire.

Réalisant sans chiqué mais en grands professionnels le fantasme de jouer tout Carmen en 1h20 à un piano et une voix, Olivier Martin-Salvan et Aurélien Richard tranforment l’opéra de Bizet en grande comédie humaine. Pour ceux et celles qui n’ont pas encore vu le phénomène Martin-Salvan sur scène, soit dans l’Acte inconnu de Valère Novarina, soit dans le Bourgeois Gentilhomme, mis en scène par Benjamin Lazare, “Ô Carmen” sera une révélation. Bruiteur, clown, basse, soprano, ténor, mime, et surtout comédien qui pousse sont art à de tels sommets que cela en devient poétique, Olivier Martin-Salvan donne dans cette pièce une performance étourdissante.

Mégalo mais tout en humour, extrêmement technique mais tout en souplesse, “Ô Carmen” réunira ceux qui veulent rire, et ceux qui sont en quête d’extrême sur les planches. Quant à ceux qui sont à la recherche des deux sensations, qu’ils se précipitent au Théâtre du Rond-Point avant le 3 avril.

Ô Carmen”, mar-ven 18h30, sam 15h, jusqu’au 3 avril, Théâtre du Rond-Point, 2bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8e, m° Franklin-Roosevelt, réservation : 01 44 95 98 21.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

2 thoughts on “Ô Carmen au Théâtre du Rond Point, un opéra comique de génie”

Commentaire(s)

  • Christophe

    Coucou Yael, je vais voir ce spectacle ce soir au rond-point, ton article me donne très envie, je suis impatient
    Bises

    March 18, 2010 at 10 h 17 min

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