Théâtre

Une semaine au festival d’Avignon 4

21 July 2009 | PAR Audrey Saoli

Hier fut une journée toute en délicatesse et humanité. J’ai été voir la pièce de Pippo Delbono, La Menzogna dans la cour du lycée Saint Joseph. Warlikowski était dans la salle…

Celle-ci nous parle de la nuit du 5 au 6 décembre 2007, date à laquelle sept ouvriers sont morts, brulés vifs, dans un incendie qui a détruit leur usine. En m’installant dans mon siège, quelque chose m’interpelle. Pourquoi y a-t-il la table de répétition du metteur en scène ? Le spectacle commence alors quant Pippo Delbono s’installe sur sa table… Il discutera avec son public et l’intégrera au spectacle tout le long de la pièce. Il est agréable dans ses climats théâtraux très froids de se rappeler que le théâtre est aussi un endroit de communion avec d’autres individus. Les images vont se multiplier tout au long de la pièce. Tout est extrêmement maîtrisé et précis. Ce spectacle est celui de la confession pour Pippo Delbono, c’est de là qu’il en tire toute son élégance. Il y a, en effet, beaucoup d’aveux pendant cette représentation : l’aveu d’un égocentrisme, d’une impudeur et d’un  voyeurisme. C’est certainement l’oeuvre la plus personnelle de Pippo Delbono, d’une fragilité et d’ une vérité touchante.

La Menzogna (le Mensonge) est une pièce qui nous rappelle l’universalité de l’humanité mais aussi l’animalité qui sommeille en nous tous. Sur scène, nous retrouvons le comédien fétiche de Pippo Delbono, Bobo. Cet acteur handicapé mental qui a vécu quarante six ans dans un hôpital psychiatrique travaille avec Pippo Delbono depuis treize ans . L’humanité est à son paroxysme quand Pippo Delbono, après s’être mis à nu devant ses spectateurs part se cacher dans le fond de la scène et est ramassé par Bobo qui l’aide à se relever. Qui est le plus handicapé des deux ? Le théâtre chez Pippo Delbono est porteur de vérité quant la vie semble n’être qu’un immense mensonge.

La Menzogna se jouera au théâtre du Rond Point du 20 janvier au 6 février.

Je me suis rendue ensuite, après le spectacle, à l’hommage improvisé pour la mort de Pina Bausch. L’une des plus grandes danseuses contemporaines de ce siècle est morte, il y a deux semaines. Celle-ci était une habituée du festival et avait même été invitée à deux reprises dans la cour d’honneur du Palais des papes. L’hommage était sobre et élégant. Il se passait dans le jardin longeant le palais des papes. Un parterre d’ œillets était disposé sur le sol. C’était une immense prairie rose rendant hommage à l’un de ses spectacles. Un écran a diffusé les images qui sont maintenant devenus cultes :  La danseuse en robe de mariée, le danseur sourd et muet etc.…

Tout les grands artistes et habitués du festival étaient là : Pippo Delbono, Raimund Hoghe , Sivadier…

Pippo Delbono, Bobo et Raimund Hoghe, qui ont très bien connu Pina Bausch, ont chacun dit quelques mots. L’ émotion était à son comble quant Bobo, dans son langage, a fait son hommage sans que personne ne puisse comprendre ce qu’il disait. Les mots étaient étrangers à beaucoup de personnes mais tout le monde a saisi son geste quand il a montré le ciel du doigt.

 

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Audrey Saoli

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