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Nantes à l’honneur : La mer pour mémoire quand le passé refait surface

17 June 2009 | PAR Erwan

La capitale des pays de la Loire est en ce moment le rendez-vous de grandes festivités populaires et réjouissantes. Entre l’exposition “La mer pour mémoire”, le parcours artistique “Estuaire”, l’animation de rues par la troupe Royale de Luxe le week-end du 6 et 7 juin, et les machines de l’île, Nantes, élue régulièrement numéro 1 des classements des villes où il fait bon vivre, est en pleine effervescence et le sera pour les jours à venir…

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Les épaves : des Trésors d’anecdotes

Dans le château des ducs de Bretagne, les passionnés de voile et de mer pourront découvrir “La mer pour mémoire”, une exposition itinérante, présentant le résultat dep1010291 20 ans de fouilles sous marines. Cette archéologie a permis de reconstituer un véritable Trésor d’histoires et d’anecdotes, faisant ainsi remonter à la surface un musée jusqu’alors sans visiteur : les fonds marins et plus d’une quarantaine d’épaves qui y reposaient.

Dans la vase, les objets se conservent. Ainsi peut-on découvrir une horloge arrêtée à 2H30, soit très certainement l’heure du naufrage. La gangue, enveloppe de minerais qui recouvre les objets, révèle des canons, tels qu’ils étaient au moment de leur dernière bataille : la poudre, le boulet rond, la boîte à mitrailles, que l’on remplissait de tessons de verres et de clous, et les “anges”, boulets en forme d’haltères qui faisaient d’énormes dégâts dans les gréements. Lorsqu’un tel projectile était tiré, il ne restait plus qu’à prier… l’expression un “ange passe” vient certainement de là.

Dans ces vestiges sous les côtes atlantiques apparaissent aussi des lingots d’or frappés de sinogrammes, caractères chinois témoins du commerce que la France faisait alors avec la Chine. A l’époque, l’Empire du milieu échangeait son or contre… des lingots d’argent !

p1010279La mer pour mémoire souligne aussi l’importance des cloches pour les archéologues des milieux marins. Ces cloches, qui rythmaient la vie à bord, sont plus de deux cents ans plus tard des mines d’information. Sur le navire, l’une sonnait les 5 quarts de la journée, temps de garde, et l’autre cloche rythmait les repas, les prières, les temps de manœuvre. Aujourd’hui, elles permettent de retrouver le nom d’un navire et sa date de mise à l’eau.

Retour à la surface

p1010292Quand un particulier trouve une épave, il a 48 heures pour la déclarer et n’a pas le droit de replonger au même endroit. Cette loi vise à éviter les pillages. L’exposition s’arrête sur le processus de remise à l’air des objets restés longtemps immergés. S’il y a encore peu, les mairies exposaient sur leur parvis des canons issus des naufrages, force fut de constater qu’avec l’oxydation et sans traitement particulier, ces trésors se détérioraient à vive allure. Un bassin d’électrolyse factice aide à comprendre le long processus mis en place pour remette les vestiges à l’air libre. Ainsi voit-on comment l’électrolyse fendille la gangue (opération qui peut prendre 6 mois comme 6 ans), et qui permet de se débarrasser des ions chlorures, et, au final, de retrouver des objets quasi intacte.

p10102861Des naufrages

L’exposition s’arrête sur les légendes qui entourent les naufrages. Bien sûr tout le monde connait celle du Titanic. Mais pourriez-vous raconter bien celle de la Méduse et du commandant Chaumareys, un entêté qui provoqua l’échouage du navire sur le banc d’Anguin en Mauritanie. Le fameux radeau, dont Géricault a peint, trois ans après les faits, un tableau réaliste remarquable, raconte l’épopée de 147 naufragés, dont seulement treize ont survécu, sous le soleil et sans eau, les plus forts éliminant les plus faibles, cannibalisme aidant. L’exposition conte bien d’autres histoires ayant secoué l’Ouest de la France, notamment celle de l’Hermione, qui transporta Lafayette aux Etats-Unis, celle du Saint-Philibert en 1931, ou du Lancastria en 1940 et ses 3500 victimes…

L’exposition pour les enfants

Au sous-sol, un espace famille a été aménagé pour les enfants : dans une ambiance de bruits de mouettes et de planchers qui craquent, le musée propose aux plus jeunes de s’équiper pour partir à l’aventure, de s’habiller en marins, en amiraux, ou en pirates histoire de suivre leur itinéraire costumé (On pense tout de suite aux “Pirates des caraïbes”). Le jeune aventurier reçoit ensuite un ordre de mission (constituer un équipage, partir chercher du thé en chine…) et choisit son bateau. Sera-ce un cargo, un drakar ? Sur le champs de manœuvre, où il faut hisser les voiles, un karaoké se met en marche lorsque le marin souque ferme, rappelant ainsi le rôle entraînant de la musique quand un effort était à fournir.

La mer pour mémoire est une exposition passionnante dès lors que l’on prend le soin de s’immerger complètement. De petits textes explicatifs, écrits en gros caractères, donnent suffisamment d’éléments pour ressortir enrichis, mais on préfèrera la visite guidée afin de profiter pleinement de ce savoir qui manque à mon sens encore de matière. La scénographie offre différentes vues pertinentes, comme celle des cloches à travers des hublots, ou plus atypique : la vue de la mer qu’avait les marins par les ouvertures des canons. Grande absence serait une mention plus forte du commerce négrier qui a marqué toute la côte atlantique. Cela dépend du résultat des fouilles évidemment. Mais le devoir de mémoire, si Nantes et Bordeaux l’entretiennent par ailleurs, aurait dû mieux s’afficher ici. C’est en effet grâce au commerce triangulaire que la ville a su tant prospérer, commerce triangulaire qui se faisait par voies fluviales…

Pour un autre regard sur Nantes et l’exposition, le très beau témoignage de Manuel, celui aussi complet de Jennifer,

Pour des renseignements sur l’Estuaire, parcours d’art contemporain, tapez ici.

Jusqu’au 28 septembre 2009, La mer est aussi notre mémoire…

Château des ducs de Bretagne : musée d’histoire de Nantes.

4, place Marc-Elder -44000 Nantes Tél. 0811 46 46 44 (coût d’une communication locale).

Lien officiel du site de l’exposition : http://www.lamerpourmemoire.com/

Erwan Gabory

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