Critique ne te retourne pas : Sophie Marceau devient Monica Belluci
Ne te retourne pas avait tout du nanar. Un pitch bizarre, une réputation exécrable et deux actrices souvent contestées. Le film a d’ailleurs reçu sifflets et moqueries à Cannes. Et pourtant : point de chef d’œuvre mais un long-métrage personnel et ambitieux.
Jeanne (Sophie Marceau) est une biographe à succès qui tente d’écrire un roman sur ses souvenirs d’enfance oubliés. Petit à petit, elle ne reconnaît plus sa maison, sa famille, et pense se transformer en une autre incarnée par Monica Belluci.
Dès le début, le film entre de plein pied dans son sujet, franchement casse gueule. Les premières minutes regorgent de scènes parfois absurdes ou Jeanne/Marceau pique une crise devant une table qui a bougé ou des meubles qui ne seraient plus les mêmes. La tension s’installe autour de la paranoïa de Jeanne et de la transformation progressive de tous ses repères. Ses objets familiers, sa famille, et même… son propre visage.
On essaiera d’en dire le moins possible pour ne pas dévoiler un scénario assez alambiqué pour surprendre et maintenir le spectateur en haleine. Sachez juste que le film ne se limite pas à ce point de départ et que la partie Italienne avec Monica Belluci adopte un ton radicalement différent. Le film emprunte à tous les genres. Marina de Van s’inspire du cinéma d’épouvante avec des petites musiques à la psychose. Elle trouble la frontière entre réalité et fantastique avec des effets spéciaux plus ou moins réussis qui illustrent la transformation physique de Jeanne. Elle y rajoute une touche de suspens, de drame familial et de quête identitaire.
Tout ça pour un second long métrage ? C’est bien là que le bat blesse. Que les aigris se rassurent, Marina de Van ne réussit pas totalement son pari et semble parfois dépassée par l’ampleur de son projet. Les bonnes intentions ne font pas toujours les grands films et malgré le mimétisme frappant entre Marceau et Belluci qui doivent incarner le même personnage, le film ne convint qu’à moitié.
On soutient quand même une démarche courageuse pour un film brouillon, parfois à la limite du ridicule, mais qui fait preuve d’une belle vitalité dans le cinéma de genre français. L’histoire est riche et le scénario assez surprenant pour suivre avec plaisir ce film un peu nanardesque mais dans le bon sens du terme.
Gilles Hérail
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3 thoughts on “Critique ne te retourne pas : Sophie Marceau devient Monica Belluci”
Commentaire(s)
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Manu le malin
Il y a juste un problème (et de taille!) dans cet article: ne te retourne pas n’est PAS le premier long métrage de Marina de Van qui a réalisé en 2002 le tripal et dérangeant Dans ma peau… Aie…
Gilles
Vous avez tout à fait raison.
Marina de Van a de plus réalisé un certain nombre de courts métrages et n’en est pas à son premier essai. Cependant, l’idée (maladroitement exprimée par les mots “premier long métrage”) était surtout de souligner la difficulté pour Marina de Van de maitriser pour la première fois un projet très complexe, couteux (12 millions d’euros), nécessitant une préparation longue, et ayant des ambitions populaires. Dans ma peau, interdit aux moins de 16 ans, et doté d’un budget de 2 millions d’euros était un film moins accessible et avait donc moins de contraintes que le projet ne te retourne pas qui a par exemple nécessité un an de travail sur les effets spéciaux.
Je modifie cependant la mention “premier long” de ma critique et merci beaucoup pour ce commentaire!